Rien de plus banal et courant qu’un baby blues ? Pas tant que ça ! Une étude néerlandaise permet  de repérer des facteurs de risques afin d’identifier les femmes qui pourraient présenter un baby blues.

Les changements d’humeur rapides (rapid cycling mood symptoms) durant la première semaine du post-partum sont les symptômes les plus connus et facilement repérables du baby blues. Aux sautes d’humeur s’ajoutent de l’irritabilité, une labilité émotionnelle, des pleurs, de l’anxiété, des troubles du sommeil et de la concentration.

Et si cette dysphorie thymique était désormais « prévisible » ? Une étude réalisée aux Pays-Bas vise à identifier les femmes présentant ces sautes d’humeur marquées et à repérer des facteurs de risque possibles de ce trouble.

La méthodologie de l’étude

Les auteurs ont proposé deux échelles d’évaluation (la Maternity Blues Scale de Kennerley et Gath[1] et l’échelle de dépression post-natale d’Edimbourg[2]) à 949 femmes lors de la première semaine suivant leur accouchement.

Les auteurs constatent que 20 de ces femmes (soit 2 % de la population étudiée) signalent un changement d’humeur rapide et 65 d’entre elles (environ 7 %) souffrent d’une dépression. Certains facteurs s’avèrent associés à cet épisode dépressif du post-partum : un antécédent dépressif (Odds ratio [OR]  = 3,5 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95 %]  1,9–6,2), des « événements existentiels marquants » (major life events, OR = 2,5 ; IC95 % 1,4–4,7), un accouchement avec extraction instrumentale (OR = 2,3 ; IC95 % 1,3–3,9), la survenue de sautes d’humeur préalables (OR = 1,5 ; IC95 % 1,4–4,7 0,2–11) et un antécédent dépressif chez un parent très proche (OR = 1,2 ; IC95 % 0,8–2,8).

Cet antécédent dépressif chez un parent proche est en outre le seul facteur prédisposant à une commutation rapide de l’humeur (OR = 3,4 ; IC95 % 1,2–9,8).

Les conclusions : à nuancer quelque peu

Pour le Dr Alain Cohen, rapporteur de l’étude pour le Journal Internation de médecine, « si cette étude présente quelques limitations, comme le fait d’attester l’existence des troubles dépressifs par une auto-déclaration de l’intéressée et non à la suite d’un entretien psychiatrique structuré, et comme l’absence de suivi longitudinal des participantes, elle permet toutefois de repérer quelques facteurs de risque de la dépression du post-partum et d’identifier, au moyen d’une version simplifiée (à 16 items) de l’échelle Maternity Blues Scale, un sous-groupe de femmes sensibles à cette symptomatologie d’humeur versatile dans le post-partum immédiat ».

Malgré ses limites, cette étude devrait donc contribuer à une meilleure prise en charge précoce des femmes pouvant présenter une dépression post-natale.

[1] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7668508
[2] http://www.perinatalservicesbc.ca/NR/rdonlyres/7ED860D1-FFFE-452B-B566-581B8DF4B3FA/0/EdinburghEPDSScale_French.pdf

Sources JIM /Pop VJM et coll.: A new concept of maternity blues : Is there a subgroup of women with rapid cycling mood symptoms? J Affective Disord, 2015; 177: 74–79.

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