Est-il acceptable d’encourager la modification génétique des cellules germinales, voire même des embryons, pour faire émerger une génération aux capacités cognitives optimum ? C’est le débat qui agite depuis plusieurs mois la communauté scientifique du monde entier.

Plusieurs équipes de chercheurs (Etats-Unis, Chine, Grande-Bretagne…) mènent des travaux dans ce sens. « Une chercheuse britannique a récemment demandé le feu vert des autorités de tutelle pour pouvoir modifier génétiquement des embryons humains à des fins de recherche », a précisé le Journal International de Médecine le 23 septembre.

On n’arrête pas le progrès : en effet, les nouvelles techniques d’édition du génome ou CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Plaindromic Repeats) ont en effet contribué à élargir les perspectives en la matière et permettent d’envisager une « chirurgie » du gène à un stade très précoce pour éviter certaines maladies graves. Mais jusqu’où aller ?

Si de nombreux scientifiques tirent la sonnette d’alerte et demandent depuis des mois l’instauration d’un moratoire ou, à tout le moins, d’une réflexion collective, les travaux se poursuivent pour l’instant et peuvent faire froid dans le dos. Surtout quand on sait que la moitié des jeunes Chinois seraient favorables à la neuro-amélioration dès le stade embryonnaire.

En Chine, une évolution des mentalités sans tabou

« C’est notamment la liberté des équipes chinoises qui interpelle, souligne le Journal International de Médecine. Alors que les premières évocations de tentatives de modifications génétiques de cellules germinales venaient de Chine, des chercheurs de l’Empire du Milieu ont récemment annoncé avoir réussi à augmenter les capacités cognitives de souris en modifiant la séquence de leur ADN.

Voilà qui ouvre de nouveaux champs dans le domaine déjà très couru de la « neuro amélioration » et qui suscite de nouvelles interrogations et inquiétudes éthiques. »

Les Français plus réservés

Le spécialiste (entre autre) de ces questions le Dr Laurent Alexandre les évoque dans un article publié dans Le Monde en revenant sur les différences observées selon les pays quant à l’appréciation de ces techniques de « neuro amélioration ». Il cite ainsi une enquête à paraître de l’agence de communication BETC qui met en évidence que si 13 % des Français considèrent de manière favorable la possibilité d’augmenter le quotient intellectuel futur d’un enfant en agissant dès la phase embryonnaire, 39 % des Indiens et des Chinois se montrent séduits (et jusqu’à 50 % des jeunes Chinois).

La modification génétique, l’alternative aux robots ?

Faut-il y croire ? Ces résultats montrent non seulement la diversité des opinions, mais suggèrent également une grande confiance dans ces technologies. La science pourrait-elle réellement améliorer le QI des enfants à naître, QI dont beaucoup considèrent pourtant qu’il est le résultat d’une conjonction de facteurs multiples, pas uniquement génétiques ?

Pour le philosophe Nick Bostrom de l’université d’Oxford, cité par Laurent Alexandre, cela ne fait aucun doute : « en agissant sur les gènes des embryons, soixante points de QI pourraient être gagnés au sein de la population d’un pays » (sic). Et Laurent Alexandre de conclure en citant ceux qui jugent que face à l’émergence de l’intelligence artificielle, l’homme n’aura d’autre choix que de recourir à ces techniques pour faire face aux machines !

Si certains crient à la science-fiction et si d’autres se réjouissent de progrès vers plus de performances intellectuelles, certains s’alarment devant ce qui pourrait bien transformer notre humanité… En mieux, en pire… qui peut le dire ?

Sources JIM. L. Créat.

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