De nouvelles études ouvrent la perspective de traitements encore plus efficaces et avec moins d’effets secondaires que le propanolol, un bétabloquant prescrit pour traiter des hémangiomes infantiles.

Les grandes découvertes arrivent parfois par hasard. Ainsi en fut-il, en 2007, au CHU Pellegrin à Bordeaux, quand un bébé, traité pour un hémangiome infantile en dermatologie, dut rejoindre le service de cardiologie suite à un problème cardiaque. « Placé sous propanolol pour traiter sa tachycardie, l’équipe médicale a eu la surprise de découvrir 24h plus tard que l’hémangiome s’était ratatiné », explique dans un sourire le Dr Christine Labrèze, dermatologue à l’origine de la découverte du traitement Hémiangiol (propanolol).

Quelques temps plus tard, un autre bébé est traité dans le service de dermatologie du CHU-Pellegrin pour un hémangiome du visage, mais, après un mois de traitement, les corticoïdes ne répondaient toujours pas. « Or, avec un bébé sous cortisone pendant un mois, on risque des problèmes cardiaques, explique le Dr Labrèze. Nous l’avons donc mis sous propanolol pour pallier ce risque. Or, une semaine après, l’hémangiome avait disparu… » Eurêka… Comme quoi, les grandes découvertes tiennent parfois au plus grand des hasards. De fait, le traitement de l’hémangiome infantile par le propanolol répond chez 100% des enfants de moins de 6 mois mais plus du tout après 36 mois et la réponse au traitement apparaît dans les 24 à 48 heures.

Des effets secondaires sous surveillance

En octobre 2007, un brevet est déposé. Il fallait disposer en effet d’une formule pédiatrique et non pas d’un dosage aléatoire à partir d’une formule classique. « L’idée, c’était de disposer d’une potion pédiatrique, avec pipette, et donc de trouver un industriel qui puisse demander l’AMM ». La dite AMM a été obtenue en 2014 et l’étude clinique publiée en février 2015, avec un rapport bénéfice-risque très favorable quand le cas est bien posé. Il existe en effet des contre-indications : enfant avec troubles cardiaques, souffrant d’asthme (suspicion, sans certitudes de contre-indications réelles) ou avec antécédents familiaux d’asthme.

Qui plus est, le propranolol est un bêtabloquant non cardio-sélectif, qui passe la barrière hémato-encéphalique, ce qui est à l’origine de certains effets secondaires (hypoglycémie asymptomatique, baisses de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, bronchospasmes, troubles du sommeil et de la vigilance, légère cytolyse hépatique, troubles de la mémoire émotionnelle…).

Des effets secondaires qui nécessitent donc une surveillance de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque avant le début du traitement et une à deux heures après le traitement. L’hospitalisation et le monitoring sont recommandés chez un bébé de moins de 8 semaines ou en cas d’antécédents de pathologies cardiaques ou respiratoires. « La dose recommandée dans le traitement de l’hémangiome proliférant est de 3,4 mg/kg/jour d’hydrochloride de propranolol en 2 prises quotidiennes, avec une dose initiale faible afin d’éviter les bradycardies et les hypotensions », précise le Dr Hervé Garat, dans le Journal International de médecine.

D’autres bétabloquants en orbite avec moins de contraintes

De nouvelles études mettent en avant l’efficacité d’autres bêtabloquants. « L’aténolol par voie orale est un bêtabloquant cardio-sélectif des récepteurs ß1. Il a une efficacité similaire au propranolol mais avec moins d’effets secondaires sévères : seulement 3 % des patients concernés contre 25 % lors d’un traitement par propranolol : hypoglycémie, hyperactivité bronchique, hypotension », explique le Dr Hervé Garat. La dose thérapeutique est de 1 à 3 mg/Kg/jour.

Autre piste, le nadolol, un cardio-sélectif « qui montre une efficacité significativement plus forte et plus rapide que le propranolol ». La dose recommandée est de 2 mg/Kg/jour en 2 prises. « Les effets secondaires semblent bénins mais ce traitement justifie des études complémentaires », précise le JIM.

Enfin, le timolol topique est une bonne alternative au traitement par voie orale pour des lésions de plus petite taille (diamètre inférieur à 11,3 mm) ou superficielles. « Il a un début d’action plus lent et peut être utilisé en complément d’une thérapie orale pour prévenir un effet rebond ou pour des patients présentant une contre-indication à l’utilisation d’un bêtabloquant systémique ou quand les parents refusent la voie orale », conclut le Dr Hervé Garat.
Cette revue de la littérature confirme l’intérêt des bêtabloquants dans le traitement des hémangiomes infantiles et éclaire de nouveaux traitements plus sûrs et plus efficaces que le propanolol, ainsi que de nouvelles galéniques.

Sources Rouhana, Hailey Frances et coll. : Beta blocker treatment for infantile hemangiomas. Dermatology Online Journal, 21(7): 2. doj_28111

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