La primo vaccination, préconisée chez les très grands prématurés, débute dès l’hospitalisation néonatale. Fièvre, apnées/ bradycardies : ces symptômes communs aux surinfections sont prévisibles. Une étude rétrospective multicentrique s’est intéressée aux répercussions de ces effets indésirables sur les actes de soins pour définir si la primo-vaccination restait à préconiser ou pas…

La méthodologie de l’étude

De 2007 à 2012, 13 926 prématurés nés à un terme ≤28 sem. et un poids ≤ 1 000 g sont sortis de 348 Unités de Soins Intensifs Néonatales des USA après y avoir reçu une ou plusieurs injections de vaccins simples ou combinés autour de l’âge civil de 2 mois (exactement, entre 53 et 110 jours). « Chez ces TGP, on retrouvait un net accroissement des bilans infectieux, des besoins d’assistance respiratoire (oxygène + PPC nasale ou ventilation invasive), et des intubations trachéales le jour même de la vaccination et les deux jours suivants. (Les antibiothérapies n’ont pas été comptées) », explique le Dr Jean-Marc Retbi dans le Journal International de Médecine.

Ce que dit l’étude

Par comparaison avec les 3 jours pré-vaccinaux, les bilans infectieux comprenant des hémocultures étaient multipliés par 3,7, passant de 5,4 à 19,3 pour 1 000 patient-jours (Ratio Ajusté des densités d’incidence [RA]=3,7 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 3,2 à 4,4). Cependant, seulement 3,8 % des hémocultures étaient positives (n=39/1 035).

Par comparaison avec les 3 jours pré-vaccinaux, les augmentations de l’assistance respiratoire étaient plus que doublées, passant de 6,6 à 14,4 p. 1 000 patient-jours (RA : 2,1 ; IC95 de 1,9 à 2,5) alors que les intubations trachéales étaient presque doublées, passant de 2,0 à 3,6 p. 1 000 patient-jours (RA : 1,7 ; IC95 de 1,3 à 2,2).

L’évolution des actes de soins sur les 30 jours qui précédaient la vaccination et les 30 jours qui la suivaient suggère que les vaccinations étaient faites à un moment où l’état des TGP s’était stabilisé et que l’accroissement post-vaccinal des actes était en grande partie induit par les effets indésirables de la vaccination. « En effet, les densités d’incidence des trois sortes d’actes diminuaient de jour en jour jusqu’à devenir très basses pendant les 5 à 7 jours précédant la vaccination et elles présentaient un rebond le lendemain et le surlendemain de la vaccination. Le rebond était très marqué pour les bilans infectieux et les besoins d’assistance respiratoire », précise le Dr Jean-Marc Retbi.

Les convulsions n’augmentaient pas de fréquence après vaccination. Il y a eu 5 décès dans les 3 jours suivant une vaccination. Enfin, les densités d’incidence des bilans infectieux et des intubations étaient plus élevées chez les TGP de 23-24 semaines que chez les TGP de 27-28 semaines.

Faut-il retarder la primo-vaccination ?

Au total, les primo-vaccinations des TGP entraînent des suspicions d’infection, non confirmées pour la plupart, avec à la clé des antibiothérapies inutiles et des aggravations de l’état respiratoire. Ces résultats apportent de l’eau au moulin des praticiens qui pensent qu’il y a intérêt à retarder le début des vaccinations systématiques chez les TGP. « Cependant, les auteurs et les éditorialistes (2) restent partisans de débuter les vaccinations à 2 mois, autant que possible », conclut le praticien, citant un co-auteur de l’article scientifique, PB Smith : « Les résultats, quoique importants, sont des résultats à court terme. Nous savons que le retard des vaccinations n’est pas bon. Les résultats ne doivent pas avoir d’influence sur la décision de vacciner les prématurés. » Dont acte…

Sources JIM / Dr J-M. Retbi /DeMeo SD et coll. : Adverse events after routine immunization of extremely low-birth-weight infants. JAMA Pediatr. Doi: 10.1001/jamapediatrics.2015.0418. Kuzniewicz MW et Klein NP : Differenciating sepsis from adverse events after immunization in the NICU : how is a physician to know? JAMA Pediatrics 2015.

Laisser un commentaire