Il est obligatoire de reconnaître la douleur du nouveau-né, c’est à dire d’apprendre à la diagnostiquer afin de déterminer s’il y a une nécessité à la traiter. De même, il est primordial d’homogénéiser les prises en charge au niveau national et au sein d’un même service. Un vrai challenge alors qu’il n’existe aucune mesure objective et formelle. Le point sur deux approches possibles de la douleur du nouveau-né.

Les structures neuro-anatomiques, qui interviennent dans la détection et la transmission de l’influx nociceptif, sont présentes dès la 28ème semaine d’aménorrhée. Au contraire, les mécanismes d’inhibition de la transmission des stimulations nociceptives sont immatures à la naissance. Il semblerait donc que la douleur soit perçue d’une façon plus intense chez le nouveau-né que chez l’enfant.

Pour diagnostiquer la douleur, il existe actuellement une approche unidimensionnelle et une autre, pluridimensionnelle. A l’heure actuelle, il est donc obligatoire de mettre en place les éléments nécessaires à la diminution de la douleur du nouveau-né afin d’optimiser sa réaction à la douleur dans les mois à venir. Voici en quelques paragraphes le détail de ces deux approches de diagnostic et des outils à fédérer pour mieux soulager la douleur du nourrisson.

L’approche unidimensionnelle

Un seul indicateur est recueilli, par exemple les paramètres physiologiques (fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, pression artérielle, saturation en oxygène, diminution du tonus vagal, sudation palmaire, activité faciale, modifications comportementales). Ces indicateurs, non spécifiques de la douleur, sont modifiés dans la période qui suit immédiatement un stimulus.

L’augmentation de la fréquence cardiaque est l’indicateur le plus souvent utilisé. Autres indicateurs possibles, les indicateurs comportementaux (expression faciale, pleurs, mouvements corporels, changements d’état de veille…). L’activité faciale est l’indicateur le plus fiable avec le froncement des sourcils, la contraction des paupières, l’accentuation du sillon naso-labial et l’ouverture des lèvres (présents dans 80% des situations de nociception). Les pleurs représentent un indicateur de stress lors des prélèvements.

L’approche pluridimensionnelle

Elle utilise simultanément les données objectives (les paramètres physiologiques) et les données subjectives des modifications comportementales en fonction du contexte. Il existe une quinzaine d’échelles de douleur.

Quelle prise en charge de la douleur ?

Dans les pays occidentaux, les nouveau-nés ont, au minimum, un prélèvement sanguin à la naissance et bien plus s’ils sont prématurés ou malades. Les moyens non pharmacologiques ont donc toute leur place dans ce type de situation, soit seuls, soit associés à des moyens pharmacologiques. Ces techniques non pharmacologiques permettent de réduire le ressenti de la douleur indirectement, en diminuant la stimulation nociceptive, et directement, en activant des voies inhibitrices descendantes ou en activant des systèmes de veille et d’attention qui diminuent la perception de la douleur.

Jouer sur l’environnement : le stress environnemental peut être diminué en limitant les stimuli nociceptifs (lumière intense, bruit, manipulations fréquentes, répétition de gestes douloureux…). Il est recommandé d’utiliser un kit de prélèvement adapté afin de limiter la douleur au strict nécessaire et d’éviter de recommencer plusieurs fois un même prélèvement.
Il a été démontré que la ponction veineuse est moins douloureuse que la ponction au talon. Le réchauffement du talon ne diminue pas l’expression de la douleur.

Utiliser des techniques analgésiques non médicamenteuses : un certain nombre d’entre-elles ont fait leur preuve. Il s’agît des solutions sucrées, de la succion, du peau à peau (10 à 15 minutes avant l’acte douloureux et pendant cet acte) et de l’allaitement maternel. L’enveloppement toucher s’est révélé être moins efficace que les autres techniques.

Tenir compte de l’effet antalgique de l’ocytocine : en 2011, l’unité INSERM 901 a montré que l’ocytocine, sécrétée lors de l’accouchement, avait un important effet antalgique chez le nouveau-né. Ce phénomène lui permet de mieux supporter la douleur de la pression exercée lors d’un accouchement par les voies naturelles. Ils ont montré que les neurones du nouveau-né étaient assez matures pour fournir l’ocytocine. L’accouchement par voie basse déclenche un phénomène qui permet d’activer les voies antalgiques.

En l’absence de contractions utérines, provoquées par cette hormone, ce mécanisme est moins présent. C’est le cas lors d’une césarienne programmée. Cet effet anesthésiant se prolonge quelques heures, puis il disparaît rapidement après l’accouchement. Il est donc recommandé d’effectuer les prélèvements dans les 90 minutes qui suivent l’accouchement afin de limiter les douleurs iatrogènes.

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