Les saignements anormaux sont une cause fréquente de consultation gynécologique hors grossesse. En cause souvent, les polypes utérins. La grande avancée consiste aujourd’hui à effectuer des polypectomies sans anesthésie générale, évitant ainsi l’hospitalisation. Mais cette thérapeutique tarde à trouver son public. Une étude anglaise l’a analysée pour en comprendre les raisons d’où ressort entre autre la nécessité d’expliquer davantage aux patientes l’intérêt de cette évolution.

Les polypectomies au cours d’une hystéroscopie chirurgicale, sous anesthésie générale, parfois loco-régionale, sont-elles à inscrire aux archives de la gynécologie médicale ? Peut-être. « Les avancées technologiques en matière d’hystéroscopes permettent maintenant d’envisager la polypectomie sous vision directe hystéroscopique, avec des instruments miniaturisés, en consultation externe et en évitant l’anesthésie générale », explique le Dr Roselyne Pélardon dans le Journal International de Médecine.

Ces nouvelles pratiques, encore peu répandues, permettent de poser le diagnostic et d’intervenir dans une même procédure. Pour assurer leur développement, il est nécessaire de pouvoir analyser leur efficacité et le ressenti des patientes. Une étude, au Royaume Uni, s’est penchée sur cette nécessité.

La méthodologie

Cette étude de non-infériorité, randomisée et contrôlée, multicentrique, a réuni 439 patientes présentant un polype utérin. Elles étaient traitées soit par hystéroscopie « conventionnelle » (n = 211) sous anesthésie générale, soit en consultation externe (n = 228) pendant une hystéroscopie diagnostique, avec si nécessaire dilatation du col et anesthésie locale.

Les conclusions

Six mois après le traitement, il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne l’interruption des saignements anormaux (risque relatif 0,91 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,82 à 1,02). Dans les deux groupes, les effets du traitement se maintiennent à 12 mois et à 24 mois, sans que l’intensité initiale du saignement, la localisation ou le type du polype ne modifient les résultats.

Les exérèses incomplètes sont toutefois plus fréquentes au cours de la procédure réalisée au cours d’une consultation (19 % vs 7 %). Ces échecs peuvent s’expliquer par les limites des petits endoscopes utilisés pour ce type de procédures et par la tolérance des patientes. L’acceptabilité de la procédure est en effet inférieure dans ce groupe (83 % VS 90 % ; IC : 0,84 à 0,97) et elles sont plus nombreuses à signaler des douleurs postopératoires.

« Pour les auteurs de l’étude, il semble évident que les perfectionnements technologiques qui ne manqueront pas de se produire dans les années à venir amélioreront le confort et l’acceptabilité d’une procédure qui présente l’avantage de ne nécessiter ni anesthésie générale ni hospitalisation », conclut le Dr Roselyne Pélardon.

Sources JIM / Dr R. Pelardon/ Cooper NAM et coll. : Outpatient versus inpatient uterine polyp treatment for abnormal uterine bleeding: randomisedcontrolled non-inferiority study. BMJ 2015; 350: h1398.

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