Les soignants sont particulièrement exposés aux solvants, notamment les solvants oxygénés et chlorés. C’est ce qui est révélé dans l’étude parue dans le bulletin Epidémiologique en date du 26 Février 2019 publié par Santé Publique France.
Ces données, qui sont celles du programme MATGENE, ont été couplées à celles déjà existantes : elles démontrent que les soignants (sages femmes, infirmiers, aides soignants…) sont exposés à des risques professionnels notamment ceux liés à l’utilisant de solvants et que les sages femmes et les autres professionnelles de santé sont particulièrement exposées aux cancérogènes respiratoires. Explications.

Que dit l’étude ?

L’étude publiée il y a quelques jours à mis en lumière l’exposition professionnelle aux solvants (Les solvants sont des substances pouvant dissoudre d’autres substances) d’une catégorie particulière de la population : les femmes en âge de procréer. L’étude a donc pris en compte les données de 7 427 228 femmes.

Les expositions ont été évaluées grâce à des matrices emploi-exposition du programme Matgéné qui ont été croisées avec les données du recensement de 2013.

L’exposition à différents types de solvants (dont certains peuvent être classés comme cancérogènes par le Centre De Recherche sur le Cancer) à été étudiée :

  • Les solvants oxygénés
  • Les solvants pétroliers
  • Les solvants chlorés

L’étude a pris en compte l’âge des femmes (entre 15 et 45 ans), la catégorie socioprofessionnelle, le statut de salariée ou de non salariée mais aussi le type de solvant incriminé, le type de travail ainsi que les changements de réglementation des niveaux d’exposition.

Tout d’abord l’étude a montré que l’exposition aux solvants pouvait varier en fonction de l’âge : les plus jeunes sont plus exposées aux solvants oxygénés alors que les plus âgées sont plus exposées aux solvants pétroliers et chlorés.

L’exposition la plus importante reste l’exposition aux solvants oxygénés (notamment aux alcools).

Le résultat de l’étude a montré que les sages femmes (et les personnels médicaux et paramédicaux) étaient particulièrement exposées aux solvants oxygénés et chlorés.

Plus des ¾ des femmes exposées à un solvant oxygéné ont pu être regroupées dans seulement trois catégories : les employés et agents de la fonction publique (41% occupaient des postes d’aide soignante, agents des services hospitalier), les professions intermédiaires de la santé et du travail social (21% occupaient des professions de sage femme ou d’infirmière) ou les professions directement en lien avec les particuliers (19% occupaient des professions de coiffeurs, esthéticiennes…)

En ce qui concerne les solvants chlorés, la encore, la profession était exposée : la moitié des femmes en âge de procréer et qui étaient exposées aux solvants chlorés appartenaient au domaine de l’artisanat (17%), au domaine industriel (17%) mais aussi au domaine de la santé et du travail social (15%).

Ces données se recoupent avec les données de la cohorte française PELAGIE qui montrait la même hiérarchie de taux de prévalence d’exposition par famille de solvants que celle de l’étude.

Ces données font aussi écho à l’étude France Sumer de 2009-2010 sur l’exposition aux cancérogènes, qui précisait que 15% de la population de femmes enceintes (soit à peu près 400 000 femmes) était exposée aux substances cancérogène de l’appareil respiratoire et qui montrait que 40% des femmes exposées à ce type de cancérogène travaillaient en tant que sage femme ou infirmière ou aide soignante.

Quels sont les risques ?

Le travail en milieu hospitalier impose d’être exposé à différents types de produits chimiques, notamment les produits oxygénés.

Les produits oxygénés sont des produits comportant d’un ou plusieurs atomes d’oxygène (ainsi que des atomes de Carbone et Hydrogène). On trouve parmi eux les alcools, les cétones-esters, l’éthylène glycol, l’éther éthylique ou encore le THF (Tetrahydrofurane).

Les solvants oxygénés sont utilisés dans le milieu médical pour la désinfection et l’antisepsie.

Les solvants chlorés (trichloroéthylène, chlorure de méthylène, perchloroéthylénè ou le chloroforme) sont également assez utilisés dans le milieu médical.
Ce sont des produits qui ont la propriété d’être inflammables et très volatiles. Une exposition prolongée à ces produits peut être responsable d’irritations des voies respiratoires.
Les résultats de ces études vont permettre de mettre en place des actions de prévention ciblées pour les femmes qui sont exposées professionnellement à ce type de produits comme les sages femmes.

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