Aux USA, 1 femme enceinte sur 635 subit une opération chirurgicale pour une pathologie non liée à la grossesse. La plupart du temps, il s’agit d’interventions urgentes dont les répercussions sur la grossesse ne sont pas toujours bien connues. Une enquête a permis de lever le voile sur les risques encourus tant pour le fœtus que pour la mère, en termes de prématurité, de morbidité et de complications peropératoires et postopératoires.

Pour cette étude, le département d’obstétrique de la Mayo Clinic s’est intéressé à toutes les femmes enceintes opérées dans leur établissement sur une période de 23 ans, soit 111 grossesses (dont 3 gémellaires) sur les 36 000 accouchements de la période, ce qui correspond à environ une chirurgie toutes les 325 grossesses.

Un seul décès in utero

Pour 40 de ces femmes, il s’agissait d’une chirurgie intra-péritonéale ; 8 patientes ont subi plusieurs interventions, essentiellement pour des indications urologiques. En moyenne, l’intervention a été faite à 29 SA et dans 73 % des cas sous anesthésie générale. L’enregistrement du rythme cardiaque fœtal a été effectué en peropératoire dans 12 % des cas.

Un seul fœtus est décédé in utero, au décours du remplacement d’une valve aortique dans le cadre d’une cardiomyopathie mais sans que le moment du décès fœtal ait pu être déterminé, la grossesse d’environ 25 SA n’ayant été découverte que fortuitement après l’opération.

41% de naissances prématurées

Après la chirurgie, la naissance est intervenue en moyenne à 37 SA mais 41 % des femmes ont accouché à 33 SA et 10 % moins d’une semaine après l’intervention ; pour celles-ci, dans une grande majorité des cas, un contexte inflammatoire pré-existait à l’opération (appendicite par exemple). La naissance a eu lieu par césarienne dans 37 % des cas. Aucun des accouchements n’a dû être précipité du fait de l’état de santé du fœtus après la chirurgie et tous les nouveau-nés -en dehors du cas évoqué plus haut- sont nés vivants et ont quitté l’hôpital vivants. Il n’a pas été retrouvé de différence entre les taux d’accouchement prématurés dans les groupes «avec effraction du péritoine» et «sans effraction» ; de même, que l’intervention ait eu lieu avant ou après 30 SA n’influence pas le taux de prématurité. A savoir, seules les interventions d’orthopédie n’engendrent pas de prématurité.

Des suites opératoires sans complications importantes

Les complications peropératoires ou du postopératoire immédiat, ainsi que les complications anesthésiques semblent peu importantes et le point qui est à améliorer est la prise en charge des suites opératoires dans un contexte inflammatoire. Un constat optimiste donc, qui permet aux sages-femmes de rassurer leurs patientes devant subir une opération chirurgicale au cours de leur grossesse.

Sources JIM/M. Gélébart/Baldwin EA, Borowski KS, Brost BC, et coll. : Antepartum non obstetrical surgery at ≥23 weeks’ gestation and risk for preterm delivery. Am J Obstet Gynecol., 2015 ;212: 232.e1-5.

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