Déconseillées jusqu’ici chez les femmes enceintes, les statines ont fait l’objet d’une étude récente qui lèvent certains doutes sans totalement disculper ces molécules.

Et si les statines, comme semblent le pressentir des études pré-cliniques récentes, avaient un rôle dans la prévention de la pré-éclampsie, par leurs effets sur la fonction endothéliale et l’inflammation ? Voilà qui vaudrait alors la peine de reconsidérer le régime d’éviction de précaution chez la femme enceinte dont ces molécules font l’objet depuis leur commercialisation. Sauf que les statines traînent derrière elles une réputation de risque tératogène.

Réputation qui ne repose sur aucune preuve solide, du moins à doses normales, ce qui n’interdit pas de s’interroger sur l’effet que peuvent avoir ces molécules sur la biosynthèse fœtale du cholestérol. Une étude récente, publiée par le Bristih Medical Journal, s’est articulée autour du suivi de près de 900 grossesses et permet d’affiner l’analyse.

La méthodologie de l’étude

Parmi ces patientes, 0,13 % avaient pris des statines pendant le premier trimestre de leur grossesse, le plus souvent de l’atorvastatine, de la simvastatine ou de la lovastatine.

Notons tout de suite qu’il existe dès le départ des différences importantes entre les femmes qui ont pris des statines et les autres : les premières sont souvent plus âgées et ont plus souvent des comorbidités (diabète, hypertension, etc.). Ces éléments seront pris en compte dans l’analyse ajustée pour ces facteurs. Car en analyse non ajustée, des malformations congénitales sont plus fréquentes chez les femmes qui ont pris des statines (6,34 % vs 3,55 % ; Risque Relatif [RR] non ajusté 1,79 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] : 1,43 à 2,23). Mais cette augmentation du risque disparaît après contrôle des facteurs confondants (caractéristiques démographiques, comorbidités, mode de suivi de la grossesse et de l’accouchement, etc.) et particulièrement après ajustement pour le diabète (RR 1,07 ; IC 0,85 à 1,37).

De la même façon, l’analyse par organe ne met pas en évidence, après ajustements, de risque malformatif significativement supérieur chez les enfants exposés à une statine pendant le premier trimestre de la grossesse.

Des recherches à approfondir

Avant que les statines ne soient totalement disculpées, ces résultats devront être confirmés par d’autres travaux. Mais cela ne suffira pas. Comme le notent les auteurs, il sera nécessaire aussi d’explorer sérieusement les effets potentiels au long cours d’une exposition aux statines in utero.

Sources JIM/Dr R. Péluchon/Bateman BT et coll. : Statins and congenital malformations: cohort study

BMJ 2015; 350: h1035

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