Selon les recommandations des différentes organisations internationales et nationales impliquées dans la nutrition infantile, l’allaitement exclusif pendant six mois serait l’idéal. Mais, à l’échelle mondiale, la moyenne s’équilibre plutôt autour de 36% de respect de ces recommandations nutritionnelles, avec des disparités nationales importantes. Qu’est-ce qui pousse les femmes à cesser d’allaiter plus ou moins tôt, c’est ce que des chercheurs italiens ont voulu savoir.

La méthodologie de l’enquête

A Rome, des chercheurs ont conduit une enquête auprès de 542 femmes qui venaient d’accoucher dans la même maternité. Les mères ont été sélectionnées sur la base du volontariat : après recueil des données initiales, elles ont été interviewées par téléphone tous les 15 jours pendant 6 mois.

Le questionnaire standard abordait les différentes variables susceptibles de jouer un rôle dans la poursuite de l’allaitement maternel, dont les facteurs psychologiques classés en trois degrés d’importance : aucun, au moins un épisode de dépression ou insomnie ou perception traumatique de la naissance, deux ou plus. Les données sur la pratique de l’allaitement et l’utilisation d’une tétine ont été colligées à la naissance et pendant les 24 semaines post-partum.

L’analyse finale de l’étude a porté exclusivement sur le maintien de l’allaitement maternel exclusif au moins 4 mois.

Les résultats de l’enquête

Au 4ème mois ou au-delà, seules 87 mères (16 %) allaitaient encore exclusivement leur enfant. L’enquête a confirmé l’influence de facteurs positifs, pris séparément, comme le niveau d’éducation de la mère.

En analyse à variables multiples, une césarienne programmée, mais non en urgence, en comparaison d’un accouchement par voie basse, concourrait à un risque plus important d’arrêt de l’allaitement maternel exclusif avant 4 mois (odds ratio [OR] 2,4 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,06-5,43). Il en était de même, de la présence de deux problèmes psychologiques ou plus comparée à l’absence de ce type de problèmes (OR 3,42 ; IC 1,15-10,2) et de l’emploi de la tétine durant les 15 premiers jours (OR 2,38 ; IC 1,35-4,20) mais non après 2 semaines (OR 0,86 ; IC 0,43-1,72). Une formation à l’allaitement maternel avant l’accouchement diminuait le risque d’interruption (OR 0,57 ; IC 0,35-0,95).

« Les résultats de cette étude suggèrent donc que le type d’accouchement, la formation à l’allaitement, l’existence de problèmes psychologiques et l’utilisation d’une tétine pendant les 15 premiers jours sont des facteurs qui influent de façon indépendante la durée de l’allaitement maternel », conclut le Pr Jean-Jacques Baudon dans le Journal international de médecine du 27 avril. Raison de plus pour ne pas remettre en cause l’intérêt de la préparation à la naissance pendant laquelle les futures mères peuvent être sensibilisées et familiarisées avec l’allaitement.

On s’interroge aussi sur les conséquences que peut avoir une sortie de maternité très précoce sur le taux d’allaitement chez les primipares. Des mères mieux préparées, mieux entourées… des bébés mieux allaités ?

Références Lindau JF et coll. : Determinants of exclusive breastfeeding cessation: identifying an “at risk population” for special support. Eur j Pediatr., 2015;174:533-40

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