La prise en charge du tabagisme chez la femme enceinte est très spécifique et se développe de plus en plus. Des formations permettent notamment de mettre en place des stratégies d’aide à l’arrêt et certaines formations complémentaires peuvent donner de réelles clés pour les professionnels de la santé. C’est le cas de la formation proposée par l’association Afdet (Association francophone des diplômés et étudiants en tabacologie) dont le président, Christian Chevalier nous a présenté les grandes lignes.

Quelles sont les spécificités d’un sevrage tabagique chez la femme enceinte ?

La prise en charge de la femme enceinte tabagique est plus complexe que pour une autre personne. Le sevrage est en effet plus difficile pour plusieurs raisons. Tout d’abord l’élimination des toxiques se fait plus rapidement et donc la sensation de manque aussi. Ensuite, ce qui pourrait être un levier peut se révéler être un frein : une femme enceinte qui fume a conscience que son bébé subit cette addiction et cette pensée peut devenir obsédante. Enfin le regard de la société vis-à-vis des femmes enceintes fumeuses qui ne sont pas vues comme des victimes d’addiction mais de futures mauvaises mères est insoutenable et n’aide pas à un sevrage apaisé.

Quelles sont les particularités d’une sage-femme tabacologue ?

La France compte très peu de sage-femmes tabacologues. Sur environ 20 000 femmes en activité, seulement 200 sont des femmes tabacologues. Il faut avant tout savoir que les sage-femmes tabacologues n’ont pas un rôle facile car la prise en charge d’une femme enceinte demande beaucoup de temps et généralement les cliniques ou les hôpitaux en ont très peu à leur consacrer. On sait que non seulement le patch nicotinique est peu efficace chez la femme enceinte mais qu’en plus, ce dispositif peut s’avérer dangereux pour le nouveau-né (il augmente les risques de mort subite du nourrisson). La prise en charge doit donc s’axer sur les thérapies comportementales et cognitives, qui sont efficaces mais celles-ci demandent beaucoup de temps. Une bonne nouvelle : depuis peu les sages-femmes sont autorisées à prendre en charge également le conjoint de la femme enceinte pour que le couple fumeur puisse bénéficier d’un soutien mutuel.

Comment une sage-femme peut-elle se former en tabacologie ?

Il existe, bien sûr, le DIU (diplôme Inter Universitaire) de tabacologie. Ce sont certaines facultés de médecine qui mettent en place ces formations. Il existe en France cinq différents DIU de tabacologie avec des spécificités différentes. Si ce diplôme est intéressant, malheureusement il souffre de quelques imperfections. D’une part, les professionnels de santé qui y enseignent ne sont pas forcément des tabacologues. Il faut savoir qu’en France, le statut de tabacologue n’est absolument pas protégé. Ensuite, l’essentiel de la formation reste axé sur la prescription de substituts nicotiniques. La formation n’aborde que superficiellement les thérapies comportementales et cognitives, ce qui est regrettable. Certaines sages-femmes complètent leurs formations avec des enseignements complémentaires sur les thérapies comportementales et cognitives mais celles-ci ne sont généralement pas spécifiques au tabagisme.

Quelle est la formation complémentaire que vous proposez ?

Devant ce problème de manque de formation, nous avons décidé de monter une formation de deux jours permettant de développer une autre approche de la prise en charge des fumeurs. La formation est mise en place à la demande des professionnels de santé et quand un groupe conséquent est atteint (entre 8 à 15 personnes). Le coût de la formation oscille entre 180 euros (à titre individuel) à 220 euros (en formation d’entreprise). Les jours de formations sont choisis en fonction de l’emploi du temps des inscrits. L’association aide également les professionnels de santé tabacologues pour la gestion des cas difficiles.

Pour toute inscription ou demande de formation : afdet@afdet.fr ou sur les sites www.tabacologue.fr ou www.afdet.fr.

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