Quand commence réellement le début travail chez la femme enceinte et combien de temps dure-t-il avant d’aborder la phase active, entre 3 et 5 cm de dilatation selon les points de vue ? Vaste débat… Même pour les professionnelles aguerries que sont les sages-femmes. Une méta-synthèse qualitative d’articles anglo-saxons et scandinaves permet de se faire une opinion sur le ressenti des femmes enceintes à ce stade de la grossesse.

Le début de travail des primipares peut être vécu par les femmes enceintes comme un parcours sans filet, une nage à contre-courant dans un territoire inconnu où elles doivent se débrouiller seules avec des connaissances pas toujours adaptées. Dans ce cadre, un rien peut les bouleverser. Comme arriver trop tôt à la maternité et se voir renvoyer dans ses foyers, une expérience vécue comme une erreur qu’elles auraient commise. L’enquête menée pour mission de permettre d’élaborer une nouvelle prise en charge de la patiente qui se présente à la maternité en début de travail réel ou supposé, en considérant cinq ressentis forts des femmes enceintes sur le point d’accoucher. Les voici…

« Savoir si le travail a commencé est dévorant »

Les femmes recherchent les signes d’entrée en travail dans les séances de préparation à la naissance ou par des lectures mais beaucoup décrivent une différence entre ce qu’elles attendaient et ce qu’elles ont vécu, telles que des problèmes digestifs ou urinaires. C’est une période d’attente où elles portent toute leur attention à essayer de reconnaître les premiers signes de mise en travail.

« Négocier avec les douleurs du travail »

Autrement dit tromper l’attente : la présence de l’entourage, qui supporte souvent difficilement les douleurs de la femme, est à la fois une aide et une pression. Les femmes sont souvent poussées à consulter plus tôt qu’elles ne le souhaiteraient. Pour diminuer la douleur, elles tentent de s’occuper l’esprit en rendant visite à des amis, en regardant un film ou en s’activant aux taches habituelles ; néanmoins elles sont souvent surprises par l’intensité de la douleur et la longueur du processus. Il leur est par ailleurs difficile de ne pas savoir comment se porte leur enfant durant ce moment et si le travail progresse ; elles peuvent alors avoir besoin d’appeler la maternité ou d’aller consulter, ce qui leur permet d’exprimer leur expérience.

« Essayer d’arriver à la maternité au bon moment » 

L’intensification des douleurs est la principale raison de se rendre à l’hôpital. Les patientes se fient aussi à l’adage des contractions d’une minute toutes les cinq minutes et sont découragées ou paniquées si finalement elles ne sont pas hospitalisées. En anténatal, il leur est conseillé de rester le plus longtemps possible à la maison mais bien que ce message soit bien entendu, la raison n’est pas toujours comprise ni même ce que signifie vraiment « aussi longtemps que possible » d’où un stress supplémentaire de ne pas être la patiente parfaite.

« La crainte d’être renvoyée à la maison » 

Les femmes savent que c’est toujours possible et le redoutent. C’est pour elle décourageant, décevant, embarrassant et source d’angoisses supplémentaires : comment savoir quand revenir ? Et pourquoi ne pas rester dans cet hôpital où les douleurs sont moins fortes et alors qu’elles craignent d’accoucher à la maison. Elles vivent le fait d’être renvoyées à la maison comme si elles avaient commis une erreur.

« La rencontre avec les soignants, un ressenti fort »

Que ce soit en personne ou au téléphone, les femmes sont très sensibles à la façon dont les sages-femmes leur parlent et les traitent ; elles se sentent exposées, voire mises à nu et mises en infériorité lorsqu’elles arrivent à l’hôpital, savent reconnaitre lorsque les conseils ne sont pas individualisés, lorsque la sage-femme ne semble pas comprendre la situation ou ne pas les croire, ce qu’elles peuvent interpréter comme un manque de respect. Les informations et la réassurance sont précieuses pour elles.

Sources Journal international de médecine/M. Gélabert/Eri T S : A balancing act in an unknown territory: A metasynthesis of first-time mothers’ experiences in early labour. Midwifery 2015 ; 31 : e58-e67.

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