L’ONG « Save the children » vient de publier son rapport de 2015 sur le bien-être maternel. Si la France n’arrive qu’au 23e rang mondial sur 179 pays analysés, la Norvège monte sur la première marche du podium suivie de près par d’autres pays scandinaves. La santé des mères et des enfants est manifestement une priorité pour ces pays du Nord de l’Europe. Mais en quoi leurs prises en charge de la grossesse se démarquent des autres pays moins bien classés ?

Le classement du rapport publié par Save the Children prend en compte le risque de décès maternel, les conditions de vie des mères, le bien-être des nouveau-nés et des soins proposés à la mère en pré et post-natal, le système éducatif et la participation des femmes dans la vie politique. La France n’arrive qu’au 23ème rang mondial (sur 179 pays analysés) tandis que la Norvège occupe le premier rang. Les pays scandinaves dominent largement ce classement. En fin de peloton, la Somalie, la Sierra- Leone, la République Centre Afrique et le Congo. Les Etats-Unis sont, quant à eux, au 33ème rang avec un taux de mortalité maternelle de 24 décès pour 100 000 naissances vivantes (contre 9 pour 100 000 en France). Leur taux de mortalité néonatale est également le plus élevé des pays riches avec 7,9 décès pour 1000 naissances vivantes contre moins de 2 pour 1000 en Norvège.

En France, l’hyper-médicalisation en question ?

En France, depuis 20 ans, les politiques de périnatalité ont eu comme directive majeure de médicaliser l’accouchement afin d’améliorer la santé des femmes et des enfants. Or ces techniques sont progressivement contestées par la recherche médicale internationale et par les couples. De nombreuses études montrent que la plupart de ces interventions (RCF en continu, rupture de la poche des eaux, ocytocine, épisiotomie, césarienne…) ne présentent pas d’avantages et elles pourraient même être néfastes.

Aux Pays Bas, plus de place à la physiologie

Un accouchement sur 3 a lieu à domicile et pourtant le taux de mortalité maternelle et infantile est comparable à celui de la France. Sans pour autant favoriser l’accouchement à domicile en France, ce qui peut être très controversé, y développer des Maisons de Naissance sur le modèle des pays nordiques pourrait être un compromis…

Maisons de naissance : un modèle à suivre ?

Leur organisation du suivi de la grossesse est basée sur la séparation des patientes classées à « bas risque » des patientes avec des facteurs de risque de grossesse pathologique. Les sages-femmes suivent les patientes de type A, avec des grossesses normales. Pour les patientes avec un risque intermédiaire, de type B, la sage-femme doit consulter un obstétricien afin de décider, au vu des différents résultats, si elle peut effectuer son suivi ou si elle l’adresse à un médecin. Enfin les patientes de type C sont suivies par un obstétricien et elles accouchent à l’hôpital. Cette classification des patientes, avec une orientation vers un suivi de grossesse adapté à leur risque, se développe depuis quelques années dans certains centres hospitaliers en France.

Dans les pays nordiques, les patientes à bas risque peuvent accoucher dans les maisons de naissance. La politique de ces pays n’est pas fondée sur l’hypothèse que la sécurité est liée au lieu et à la quantité de moyens, mais qu’elle est assurée par l’association d’une femme et de son environnement. Pour les patientes à bas risque, un accouchement sera aussi sûr dans un lieu avec un minimum de perturbations et d’interventions, tandis que pour les patientes à risques, la sécurité ne pourra être assurée que dans un hôpital avec les infrastructures adaptées. Il y a une séparation très stricte du suivi physiologique et pathologique. Les sages-femmes revendiquent un savoir-faire concernant la grossesse et l’accouchement normal.

Le retour à domicile précoce encouragé et encadré

Les patientes sortent de la maternité au maximum 24h après l’accouchement. Lors de la naissance, une « assistante maternelle » accompagne la sage-femme. Elle s’occupe aussi bien d’encadrer les parents pour le bain, les soins, l’allaitement que des tâches ménagères. L’arrivée de cet enfant se fait donc dans une continuité sans rupture avec l’environnement général.

Des pratiques qui doivent évoluer en France

De cette analyse ressort clairement que les diversités entre les pays scandinaves et la France résident dans les différences de philosophie de la grossesse et de l’accouchement. Evoluer dans nos pratiques, c’est révolutionner notre culture et notre organisation du suivi de nos patientes.

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