En cas d’hypertension artérielle préexistante, la pré-éclampsie est quatre à cinq fois plus fréquente. Si la prise en charge des pré-éclampsies (PE) modérées et sévères font l’objet d’un relatif consensus, il n’en est pas de même pour les pré-éclampsies surajoutées. Faut-il déclencher à partir de 34SA comme pour les pré-éclampsies sévères ou se contenter d’assurer une surveillance intra ou extra hospitalière jusqu’à 37 SA, comme pour les pré-éclampsies modérées ? Une étude américaine lève le voile sur cette question restée en suspens.

Déclencher ou juste surveiller ? Une équipe américaine a tenté de répondre à ce dilemme en effectuant une analyse rétrospective multicentrique de la morbidité maternelle (œdème pulmonaire, décollement placentaire, oligurie ou crise d’éclampsie) et néonatale (détresse respiratoire, hémorragie intraventriculaire, entérocolite, dysplasie broncho-pulmonaire, Apgar˂7 à 5 minutes ou mort néonatale) des PE modérées (186 patientes) et des PE surajoutées (171 patientes).

La méthodologie de l’étude

L’HTA était qualifiée de chronique sur des chiffres tensionnels ≥14/9 à plusieurs reprises ou lorsqu’elle avait nécessité un traitement antihypertenseur avant la survenue de la grossesse, ou bien encore lorsqu’elle était diagnostiquée avant 20 SA ou lorsqu’elle avait persisté plus de 12 semaines après un précédant accouchement. La PE surajoutée correspondait à une augmentation aiguë des chiffres tensionnels associée à une apparition d’une protéinurie significative (ou une augmentation substantielle de la protéinurie de base).

Les patientes du groupe PE surajoutée étaient plus âgées, plus souvent multipares et d’origine afro-américaine. Elles ont été diagnostiquées plus précocement et ont accouché plus tôt que les femmes atteintes d’une PE modérée.

L’accouchement était majoritairement décidé pour les PE surajoutées sur une HTA élevée et non contrôlée (57 % vs 39 % pour les PE modérées), et sur des symptômes neurologiques et gastro-intestinaux pour les PE modérées.

Les conclusions de l’étude

La seule différence significative entre les deux groupes était une durée d’hospitalisation significativement plus longue pour les femmes du groupe PE surajoutée. Et, même si on observe chez ces femmes davantage d’œdème pulmonaire et que la morbidité maternelle composite des PE surajoutées est plus importante pour les accouchements après 34 SA, ces différences ne sont pas significatives. Ainsi, l’expectative en cas de PE surajoutée stable semble donc une option raisonnable, d’autant que la morbidité néonatale est similaire pour les deux groupes.

Sources JIM/M. Gélébart/Valent AM et coll. : Expectant management of mild preeclampsia versus superimposed preeclampsia up to 37 weeks. Am J Obstet Gynecol 2015 ; 212 (4) : 515.e1-8.

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