L’ethnie Hmong vit dans une région montagneuse à l’extrême nord du Vietnam, où 70% des accouchements se font à domicile. Le taux de mortalité des nouveau-nés y est dix fois plus élevé que dans le reste du pays (20,24/1000 naissances normales au Vietnam), d’où la décision de l’ONU de lancer un programme de formation auprès de 50 femmes autochtones afin d’accompagner médicalement les accouchements dans le respect des traditions de l’ethnie Hmong.

Dans cette région se trouve un village de 4000 habitants et un hôpital depuis six ans. Cet hôpital est composé de quatre sages-femmes et d’un médecin généraliste. Les sages-femmes sont forcément des femmes de la région, qui ont déjà des enfants afin d’être acceptées par les habitants.

Ces sages-femmes ont bénéficié d’une formation de dix-huit mois et elles gagnent l’équivalent de 8 euros par mois. Elles travaillent dans l’hôpital, mais elles rendent également visite aux familles isolées dans les montagnes où, parfois, quatre heures de marche sont nécessaires.

Ces sages-femmes suivent la grossesse et incitent les patientes à accoucher à l’hôpital et non à domicile avec l’aide de leur belle-mère… Comme cette ethnie n’utilise pas de calendrier, il est donc très difficile d’établir quand le terme de l’accouchement est prévu. En conséquence de quoi, les sages-femmes n’arrivent pas toujours à temps et les longs trajets n’arrangent rien.

Mythe ou modernité ?

Lors de l’accouchement, les patientes ne crient pas afin de ne pas attirer le mauvais esprit, puis pour ne pas effrayer leur enfant. Lors de la délivrance, le placenta sera remis à la famille puis il sera enterré rapidement au pied du montant du lit de la belle-mère afin que l’âme renaisse.

Dans leur culture, après l’accouchement l’âme est menacée et la famille doit servir du bouillon et des œufs à la jeune accouchée afin de lui redonner de la force. Enfin, la nouvelle mère ne sortira pas de la maison pendant quatre semaines afin d’éviter qu’un mauvais esprit… ne la mange !

Difficile dans ces conditions de croyances, on l’imagine bien, d’inciter les femmes Hmong à se rendre à l’hôpital pour mettre au monde leur enfant… À moins de déménager le lit de la belle-mère et de museler les esprits, ce qui n’est pas donné à toutes les sages-femmes…

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