Stop ou encore ?

De fait, beaucoup de médecins voient dans cet élargissement des compétences des sages-femmes une solution efficace pour réduire les délais d’attente devant l’engorgement des cabinets de médecins généralistes et de gynécologues. D’autres estiment qu’il s’agit d’un glissement dangereux « vers une santé bradée », rien que ça… A mi-chemin, certains se tâtent et font la liste des plus et des moins…

Le Quotidien du médecin, surfant sur cette hésitation, a lancé un sondage auprès de ses lecteurs sur l’air de « Stop ou encore ? » concernant l’élargissement des compétences des sages-femmes. Poser la question renvoie inévitablement à la guerre de tranchées que se livrent (certains) médecins et sages-femmes depuis des années. Et que vient renforcer la campagne de communication du Ministère de la Santé sur les compétences élargies des sages-femmes. Encore que… Sur les forums de sages-femmes, si l’intention ravit, on rit jaune devant l’absence de moyens pour relayer le discours ministériel. Des affiches et des leaflets, certes… mais pas le budget pour les diffuser. Joie et bonheur…

Numerus clausus : les bons comptes font les bons amis

Si l’ambiance est plutôt détendue et reconnaissante devant la levée de boucliers des internautes et des médias suite aux propos de l’élue du Syngof, les sages-femmes n’oublient pas que la vraie bataille ne se joue pas sur des querelles d’ego mais sur l’avenir de leur profession avec, à court ou moyen terme, la réduction massive du numerus clausus (de 1070 à 370 selon les bruits qui courent côté ONDPS) ou progressive (comme le réclame le Conseil National de l’Ordre des Sages-Femmes). Lequel a lancé une enquête démographique pour définir entre autre quels sont les déserts médicaux qui ont besoin de sages-femmes afin d’y maintenir les écoles de formation et d’en fermer ailleurs où les sages-femmes libérales et les gynécos travaillent au coude à coude. « On ne peut pas couper net dans le numérus clausus au risque de créer une cassure dans la pyramide des générations, explique Marianne Benoit-Truong. Il y a une tension en ce moment parce que moins de 100 sages-femmes partent en retraite en 2017 mais après cela va se corriger, d’autant que l’élargissement des compétences des sages-femmes va créer de l’activité en exercice libéral, mais on sait, bien sûr, qu’on va devoir ralentir la croissance vers 2021« .  Un choix stratégique qui met en boule une bonne partie du bataillon des sages-femmes libérales, plutôt favorables à une baisse drastique du nombre d’étudiants en maïeutique dès maintenant et jusqu’à désormais, d’autant que le numérus clausus en gynécologie a été relevé d’un bon cran. Ce qui fera donc, à l’horizon 2030, beaucoup de cabinets concurrents sur le marché de la physiologie, sages-femmes vs sages-femmes, et sages-femmes vs gynécologues.

Pour beaucoup de sages-femmes libérales, les instances dirigeantes ont tardé à réagir et à sensibiliser le Ministère de la Santé : « Il y a 5 ans qu’on aurait dû baisser le numerus clausus et on devrait déjà être, en 2017, en train d’envisager de le relever petit à petit », analyse Nicolas Dutriaux, sage-femme libérale et secrétaire général du Collège National des Sages-femmes de France.

Si le Syngof semble avoir perdu la bataille de l’opinion face à l’IVG médicamenteuse, les sages-femmes libérales n’ont pas encore gagné la guerre, semble-t-il… Et pas sûr que leur principal adversaire soit dans le camp d’en face. On y reviendra quand sortiront les chiffres de l’analyse démographique du CNOSF, les préconisations de l’ONDPS et la décision du Ministère de la Santé, actant le numérus clausus pour 2017-2018…

 

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