L’HAD (Hospitalisation A Domicile) est définie, selon l’article L.6152-2 du code de la santé publique comme une structure permettant d’assurer des soins médicaux et paramédicaux, continus et coordonnés. Ces soins se différencient de ceux habituellement dispensés à domicile par la complexité et la fréquence des actes. L’HAD est donc le prolongement de l’hôpital au domicile des patients. Les HAD sont d’ailleurs à ce titre soumis aux mêmes obligations hospitalières en termes de sécurité et de soins. L’HAD permet d’éviter une hospitalisation à temps complet ou il permet de diminuer sa durée.

En obstétrique, l’HAD peut intervenir en antepartum pour les grossesses pathologiques et en soins de post-partum et éventuellement de prise en charge du nouveau-né. Les sages-femmes qui y travaillent sont généralement salariées mais peuvent intervenir également sous statut libéral. Elles travaillent avec des équipes pluridisciplinaires pour répondre au mieux aux besoins des patients.

En HAD de périnatalité, la sage-femme est l’intervenant principal au domicile des patientes, elle assure la surveillance, les soins de la femme enceinte et éventuellement du nouveau-né et s’occupe des dossiers. Elle est le lien entre tous les professionnels de santé qui prennent en charge la femme enceinte.

Rencontre avec Delphine Guedj, sage-femme à l’HAD du pôle mère-enfant du CHU de Montpellier.

Pourquoi avoir choisi de travailler en HAD ?

J’ai choisi de travailler en HAD pour la proximité avec les patients. Nous sommes un petit HAD (7 places) et nous suivons avec ma collègue des femmes plusieurs mois d’affilée. J’ai été sage-femme libérale et j’ai toujours aimé le domicile mais il me manquait la complexité des prises en charge des grossesses pathologiques, de plus j’ai un diplôme d’échographie qui me permet de réaliser des échographies à domicile.

Quels sont les avantages et les inconvénients du travail en HAD ?

L’avantage principal est le rapport privilégié avec les patients bien sûr. Il existe une grande proximité avec les femmes enceintes mais il y a également le travail de coordination qui est très intéressant. Travailler à domicile est un mode d’exercice particulier. En HAD on travaille avec une équipe pluridisciplinaire, c’est-à-dire avec de nombreux soignants, c’est très intéressant de pouvoir tout mettre en œuvre pour le bien-être de la patiente. On a vraiment une prise en charge globale. Côté inconvénient, je dirais que nous avons une énorme responsabilité, les femmes enceintes que nous prenons en charge souffrent parfois de grosses pathologies.

Etes-vous salariée ou libérale ?

Je suis salariée de l’hôpital. 

NDLR : certains HAD peuvent recruter des sages-femmes libérales

Pouvez-vous expliquer une journée type ?

Le service du HAD est ouvert de 8 h à 17h, nous fonctionnons en 9h et nous sommes seules dans le service chaque jour et nous sommes seulement deux sages-femmes à travailler sur ce poste. Nous intervenons du lundi au samedi mais pas la nuit, à ce moment ce sont les urgences obstétricales qui prennent le relais. Nous travaillons donc à deux sur l’HAD.  La journée commence par la prise de connaissance des éventuels messages laissés sur le répondeur. Nous commençons les tournées, le matin où nous prodiguons les soins, effectuons les prélèvements, réalisons les échographies à domicile… L’après-midi est réservée plutôt à l’administratif, nous prenons les rendez-vous médicaux, nous déposons les prélèvements, récupérons les résultats d’analyse. Nous nous occupons des dossiers, des prescriptions, des rendez-vous, des entrées, des analyses des bilans effectués… Nous n’avons pas de secrétaire médicale. Le médecin obstétricien fait sa visite médicale en fin de journée.

Ce type de HAD va-t-il augmenté ?

Il existe différents types de structures HAD et globalement la volonté est de les développer. Cependant les critères d’inclusion sont très stricts donc développer l’activité d’une HAD doit être réfléchi.

NDLR : L’HAS (La Haute Autorité de Santé) a publié des recommandations de bonnes pratiques pour l’HAD obstétrique. Ainsi l’HAS précise les situations pouvant relever de l’HAD au cours de l’ante et du post partum :

Tout d’abord la patiente doit résider dans un périmètre géographique bien défini, la patiente ne doit pas être isolée et l’entourage et la femme enceinte doivent adhérer au protocole de soins, le domicile doit présenter un minimum technique préalable, le transfert en urgence doit être possible.

En situation d’ante partum pathologique, par exemple, le HAD obstétrique peut être amené à prendre en charge une aggravation d’une hypertension artérielle chronique ou d’une hypertension gravidique modérée isolée ou associée à un retard de croissance in utero modéré et en l’absence d’antécédents notables, un diabète préalable ou gestationnel dont les objectifs glycémiques ne sont pas atteints, une femme souffrant d’un lupus et d’un syndrome antiphospholipides, une thrombophilie génétique, en cas d’antécédent notable ou de complications lors de la grossesse en cours ou encore une cholestase gravidique.

En situation de post partum pathologique, les équipes des HAD obstétriques peuvent prendre en charge des soins post césarienne (difficulté de cicatrisation, mise en place de l’allaitement, surveillance et soins en cas d’abcès ou collection pariétale), des soins de plaies périnéales (cicatrisation difficile, thrombus vaginal traité, périnée complet compliqué ou non, difficultés sphinctériennes avec nécessité d’autosondage vésical, désunion de cicatrice après abcès ou hématome…). L’HAD obstétrique peut également prendre en charge la dépression post partum, ou des pathologies non spécifiques au post-partum (pathologie thrombo-embolique récente, diabète insulino-dépendant mal équilibré, pathologiques infectieuses avec phase aiguë, anémie sévère avec lever de la patiente, hypertension artérielle persistante après accouchement mais non préexistante à la grossesse, en cas de traitement de rééquilibration en cours….)

Note : en absence d’offre de soins alternative, certaines situations peuvent relever de l’HAD comme par exemple des facteurs de risques liés à la grossesse (menace d’accouchement prématuré ou un placenta praevia en situation stable en antepartum ) ou une situation spécifique au post partum comme des difficultés d’allaitement avec au moins un facteur de risque comme un âge maternel inférieur à 18 ans, une primiparité, une vulnérabilité, une grossesse multiple, des antécédents de difficultés d’allaitement et de chirurgie mammaire, un pathologie néonatale pouvant interférer.

 Source :

HAS 

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