L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) vient de publier une grande analyse sur l’impact in utéro de la prise d’antiépileptique pendant la grossesse. En effet, en France on estime que 100 000 femmes souffrant d’épilepsie sont en âge de procréer. De nombreuses patientes ont un traitement antiépileptique et ces médicaments peuvent aussi être prescrits dans le cadre de pathologies psychiatriques ou neurologiques. Le nombre de femmes enceintes ou en projet parental prenant des antiépileptiques est donc conséquent et une étude précise sur l’exposition prénatale à ces médicaments est essentielle.

Quels sont les médicaments concernés ?

L’ANSM, dans son rapport, classe les médicaments antiépileptiques selon le risque malformatif ou neurocomportemental qu’ils peuvent faire courir. Dans la première catégorie, on trouve des médicaments qui sont associés à une augmentation importante du risque de malformations. Dans cette catégorie on trouve le valproate qui possède la plus forte fréquence augmentée suivi par le Topimarate, le phénobarbital/primidone, et la carbamazépine et la phenytoïne. Dans la deuxième catégorie on trouve des médicaments à risque potentiel comme la prégabaline, la gabapentine, le zonisamide, le felbamate ou encore le vigabatrin. Enfin, la troisième catégorie regroupe les médicaments pour qui il n’y a pas d’augmentation du risque malformatif mais pour qui tout problème n’est pas écarté. Dans ce dernier groupe on trouve l’oxcarbézépine, le lévétiracétam ou encore la lamotrigine. Les médicaments suivants : Eslicarbazépine, éthosuximide, lacosamide, pérampanel, rétigabine, rufinamide, tiagabine ne bénéficient pas de données suffisantes pour se prononcer, le principe de précaution doit donc s’appliquer. En ce qui concerne les troubles neuro-comportementaux, on retrouve le valproate qui est associé à un risque avéré et le Topiramate, la carbamazépine, le phénobarbital/Primidone, la (fos)phénytoïne qui sont, quant à eux, associés à des risques à restant considérer. Les autres molécules ne peuvent être classées en l’absence de données suffisantes ou limitées.

Enceinte ou en projet parental, je prends des antiépileptiques, que faire ?

Enceinte, il ne faut surtout pas arrêter le traitement sans avis médical, c’est essentiel. Prenez rendez vous avec votre spécialiste qui va évaluer avec vous votre traitement. Un suivi obstétrical et pathologique très fin sera mis en place afin de prévenir tout problème. Ce suivi sera non seulement mis en place pendant la grossesse, pendant le post partum immédiat mais aussi en période post natale. La réévaluation du traitement, en fonction des données qui sont mises à jour régulièrement, est très importante. L’ANSM, dans son rapport conseille à toutes les femmes concernées par un projet parental de réaliser une visite pré-conceptionnelle en pluridisciplinarité afin de pouvoir adapter leur traitement et mettre en place un suivi particulier. Le conjoint doit également être informé. Le traitement le plus approprié (pour lequel l’expérience clinique est la plus importante et soulève le moins d’inquiétude pour l’enfant à naître) doit être prescrit à dose minimale. L’ANSM préconise aussi que toutes les femmes en âge de procréer doivent avoir une information claire et précise sur ce type de médicaments.

L’ANSM se mobilise pour affiner encore plus les données et les préconisations sur les
antiépileptiques pendant la grossesse

L’ANSM réunira le 14 Mai 2019 un comité d’experts indépendants (CSST) pour proposer des mesures complémentaires de réduction des risques liés à l’exposition in utero aux antiépileptiques. Cette audition sera retransmise sur la chaine Youtube de l’ANSM.

Source :

Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé

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