La récente polémique autour de la prescription de Dépakine pour les femmes enceintes a axé essentiellement l’information sur le risque de malformations fœtales et de handicaps voire de risques de crises en cas de traitement insuffisant. Mais l’épilepsie est aussi source de complications obstétricales, comme le rappelle ces jours-ci une équipe internationale qui a passé en revue la littérature médicale et orchestré une méta-analyse de 38 études. Soit 3 millions de grossesses passées à la loupe. Zoom sur les risques avérés ou non.

Des femmes souffrant d’épilepsie, avec ou sans traitement, et des femmes ne présentant pas d’épilepsie ont permis à cette équipe internationale de tirer quelques conclusions quant aux complications obstétricales possibles en cas d’épilepsie. « Les résultats de cette méta-analyse devraient être utiles pour mieux informer les patientes épileptiques en période pré-conceptionnelle et de mieux organiser leur suivi de grossesse, afin, notamment, de dépister précocement l’apparition d’une hypertension ou d’un retard de croissance fœtal », explique le Dr Roselyne Péluchon, dans le Journal International de Médecine.

50 % de fausses couches en plus

De ces travaux émerge un risque augmenté de fausse-couche spontanée (odds ratio [OR] 1,54 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95]: 1,02-2,32), d’hémorragies pendant la grossesse (OR: 1,49 ; IC95 entre 1,01 et 2,20) et d’hémorragies du post-partum (OR: 1,29 ; 1,13 à 1,49).

D’autres complications, évoquées dans les guidelines, sont ici parfaitement chiffrées, comme le risque d’hypertension gravidique (OR: 1,37 ; 1,21 à 1,55), de nécessité d’induction du travail (OR: 1,67 ; 1,31 à 2,11), de césarienne (OR: 1,40 ; 1,23 à 1,58) ou encore de naissance prématurée avant 37 semaines (OR: 1,16 ; 1,01 à 1,34) et de retard de croissance in utero (OR: 1,26 ; 1,20 à 1,33).

Pas plus de risque de grande prématurité et de mort fœtale ou périnatale

Le risque d’accouchement très prématuré, de mort fœtale, de décès périnatal ou d’admission du nouveau-né en service de soins intensifs n’est pas différent de celui des femmes ne présentant pas d’épilepsie. Les risques d’hémorragie du post-partum, d’induction du travail, de retard de croissance in utero et d’admission en soins intensifs sont toutefois supérieurs dans le sous-groupe des patientes sous antiépileptiques.

Sources JIM/Dr R. Péluchon / Viale L. et coll. : Epilepsy in pregnancy and reproductive outcomes: a systematic review and meta-analysis. Lancet 26 août 2015.

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