Un questionnaire de 25 questions qui peut aussi se synthétiser en dix questions permet d’évaluer la création du lien mère-enfant dans le mois qui suit l’accouchement. Selon les études menées, des mythes s’effondrent : l’allaitement, le peau à peau précoce, l’option chambre/nursery…

Aux États-Unis, un questionnaire comportant 25 items, le PBQ (Postpartum Bonding Questionnaire) permet d’évaluer le lien mère-enfant. Pour faciliter son utilisation dans des études médicales, une version courte a été éditée, le S(hort)- PBQ, avec seulement une dizaine de questions. Les réponses sont notées de 10 à 50 sachant que plus la note est élevée, plus le lien mère-enfant est important. Ainsi, 3005 femmes enceintes primipares (âge moyen 27, 4 ans) sont été sollicitées pour une étude : à la fin du premier mois après l’accouchement, le score moyen était de 47,65. Surprise ! Les femmes les plus âgées et ayant un niveau d’éducation plus élevé ont un moins bon score d’attachement. Idem pour les femmes mariées et celles qui se sentent à l’abri de la pauvreté. Pour les chercheurs, ces résultats sont à prendre avec recul : les femmes ayant un meilleur niveau d’études et un meilleur niveau de vie répondent peut-être de manière plus franche aux questions, alors que les mères issues de milieux plus défavorisés essaient surtout de coller à l’image que l’on attend d’une mère.

 

Des mythes au socle fragile ?

Question d’importance dans la création du lien, les modalités d’accouchement. Sont-elles impliquées dans le niveau de lien ? Selon l’étude, pas vraiment, sauf si la jeune mère se plaint de douleurs dans le premier mois du post-partum ou en cas de coliques du bébé, mais il n’est pas vraiment surprenant que les problèmes de santé altèrent la qualité du lien. Plus surprenant, allaiter ou ne pas allaiter ne modifierait pas le score, ce qui contredit une conviction bien ancrée chez les mamans qui allaitent. Quant à la présence du bébé dans la chambre de la maternité, mise en place dans les années 70 quand est apparue la pratique du peau à peau précoce, ce ne serait pas non plus le moyen imparable de favoriser ce fameux lien-mère enfant : que le nouveau-né y soit en permanence ou jamais ne change pas le score, alors que lorsqu’il n’y est que « parfois », le score diminue significativement ! Explication : c’est souvent la maman qui décide de la séparation momentanée quand il ne s’agit pas d’une séparation contrainte pour raison de santé de la mère ou de l’enfant. Des situations qui s’articulent sur une demande consciente de la maman ou sur son acception tout aussi consciente de la séparation pour le bien de l’enfant et qui explique que le résultat sur l’évaluation du lien ne bouge pas, puisque la demande personnelle, comme l’acception de la situation, minimise la portée émotionnelle de la séparation.

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