Ce n’est pas nouveau : l’exposition intra-utérine au tabac entraînerait un risque de prématurité, de retard de croissance intra-utérine (RCIU), d’asthme et, plus tard, d’obésité. Mais une nouvelle enquête vient d’apporter un éclairage nouveau sur la taille et la masse corporelle des bébés de fumeuses vs ceux des abstinentes.
Cette enquête baptisée « Healthy Start ») s’est déroulée au Colorado, auprès de 916 femmes enceintes de moins de 24 semaines,  de plus de 16 ans, sans antécédent de mort-né, et sans grossesse gémellaire ou multiple. Ont été considérées dans l’étude uniquement les grossesses menées au moins à 32 SA. L’enquête s’est déroulée en trois temps : une visite précoce vers 17 SA, à mi-parcours vers 27 SA et tardive (J1 après la naissance). La consommation quotidienne de cigarettes a fait l’objet d’une segmentation : les futures mamans fumant moins de 1 cigarette/j., de 1 à 4 cigarettes/j., de 15 à 14, de 15 à 24 et plus de 25. Ce qui a permis de calculer le niveau de consommation entre deux visites. Une fois le bébé né, sa masse maigre et sa masse grasse ont été évaluées à l’aide d’une technique densitométrique, basée sur la pléthysmographie pneumatique, afin de les confronter au niveau de consommation tabagique. En tenant compte évidemment des paramètres concomitants de variation (âge de la mère, poids avant grossesse, taille, niveau d’éducation et de revenus, ethnie, prise de poids gravidique et activité physique. Sur les 916 femmes participant à l’enquête, 100 fumaient pendant la grossesse dont 46 pendant toute sa durée, 30 en début et à 27 SA, les 24 autres à des périodes diverses. En moyenne, les futures mères fumeuses étaient plus jeunes, d’un niveau d’éducation et de revenus plus bas que les non-fumeuses. Elles avaient aussi eu plus de grossesses que celles qui ne fumaient pas.

Que dit l’étude ?

On ne compte pas vraiment plus de RCIU chez les fumeuses mais la taille et la masse corporelle totale étaient moindres chez leurs enfants que chez ceux des abstinentes : 2924g contre 3141g, avec une masse grasse de 261g vs 295g et une masse maigre de 2663g vs 2845g. Autrement dit les mères qui avaient fumé pendant la grossesse avait des bébés avec MG et MM moindres que ceux des femmes qui avaient cessé de fumer avant la fin de la grossesse. En effet, le nombre de paquets tabac influe précisément sur la masse corporelle : -2,8 g (intervalle de confiance à 95 % [IC] -3,9-1,8 P < 0,001), de la MG : -0,7 g (IC -1,1-0,3 P < 0,001), de la MM : -2,1 (IC -2,9 -1,3 P < 0,001). L’étude confirme donc que l’exposition au tabac pendant la grossesse peut conduire à une restriction de la croissance mais que l’arrêt du tabac avant le terme de la grossesse peut réduire l’impact du tabagisme sur la morphologie du bébé.

 

Sources Journal International de Médecine / Harrod CS et coll. : Quantity and timing of maternal prenatal smoking on neonatal body composition: The Healthy Start Study. J Pediatr., 2014;165:707-12.

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