Un accouchement qui tourne mal pour la mère ou pour l’enfant, voire pour les deux, ça arrive. Pas fréquemment mais tout de même. Si les victimes et leurs familles sont évidemment en première ligne des dommages subis, ressentis, qu’en est-il des professionnels de santé impliqués ?

Au moins une fois dans une carrière

Une équipe danoise s’est penchée sur cette question en envoyant à la moitié du contingent d’obstétriciens et de sages-femmes du pays un questionnaire, suivi d’entretiens. 1 237 professionnels de santé ont ainsi été interviewés sur la naissance traumatique. Si celle-ci reste rare aujourd’hui, elle n’en est pas moins une réalité de la profession : 93 % de ces obstétriciens et 82 % des sages-femmes y avaient été confrontés au moins une fois durant leur carrière et en moyenne respectivement 3 et 2 fois au cours de celle-ci.

Quelles conséquences pour les soignants ?

L’armure professionnelle que tout soignant acquière ne protège pas de toutes les émotions. Ainsi, avoir été témoin d’un accident obstétrical a pu engendré des troubles du sommeil, en particulier après 40 ans. 25% des professionnels de santé concernés par un accident obstétrical ont décidé, ensuite, de quitter leurs fonctions en salle de naissance et de ré-orienter leur carrière.

L’étude ne dit pas que l’accident a été le déclencheur mais en tout cas le facteur déterminant pour passer à l’acte et évoluer dans sa carrière à distance du monde de la naissance, en raison de responsabilités estimées trop lourdes. Ce sont essentiellement des sages-femmes qui témoignent de ces troubles (sommeil, décision de ré-orientation professionnelle) qui perdurent même après avoir pris cette décision. Troubles qui, par ailleurs, sont plus criants chez ces professionnels que chez ceux qui travaillent encore en salle de naissance.

Les femmes sont également plus impactées par un accident obstétrical que les hommes. Et les sages-femmes davantage que les obstétriciens.

« L’ensemble des répondants déclare avoir éprouvé davantage de difficultés immédiatement après l’évènement par rapport à la période de l’enquête, c’est-à-dire à distance, et là encore les sages-femmes ont eu plus de risque de burn-out, de troubles du sommeil et de symptômes dépressifs juste après l’accident par rapport aux obstétriciens, analyse le Journal International de Médecine du 21 octobre, sans doute sont-elles plus vulnérables parce qu’elles passent plus de temps auprès des patientes. »

L’étude souligne en conclusion la nécessité d’une meilleure prise en charge des professionnels après un accident obstétrical.

Sources JIM/Schroder K. et coll. : Psychosocial health and well-being among obstetricians and midwives involved in traumatic childbirth. Midwifery 2016 ; 41 :e45-53.

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