Le SAF, ou Syndrome d’Alcoolisation Foetale, est une notion relativement récente, puisque l’expression est apparue en 1973, suite à des travaux portant sur des anomalies congénitales, des troubles du développement et des observations de déficience mentale chez des enfants de toute race et de toute ethnie exposés à l’alcool pendant la grossesse de leurs mères. Dès les années 70, le SAF a été défini par trois critères : le dysfonctionnement du système nerveux central, des retards de croissance prénataux et postnataux et des caractéristiques craniofaciales particulières (petites fentes palpébrales, sillon sous-nasal aplati et lèvre supérieure mince). Puis, au fil des années, le diagnostic s’est affiné avec l’apparition de la définition ETCAF (ensemble des troubles causés par l’alcoolisation foetale) qui englobe toutes les conséquences d’une alcoolisation prénatale. Ainsi, un enfant qui ne présente pas tous les critères du SAF peut être concerné par les ETCAF s’il est avéré qu’il a été soumis à une exposition prénatale à l’alcool et qu’il présente des déficiences neurocomportementales et des anomalies neuroanatomiques importantes.

Quels sont les points clés à présenter aux patientes sceptiques ?

Une réduction des fonctions cognitives, des déficits d’apprentissage, de la mémoire et des fonctions exécutives, de l’hyperactivité ou/et de l’impulsivité, des difficultés sur les plans de la socialisation et de la communication, sans oublier, plus tard, des conduites addictives face à l’alcool et aux stupéfiants. Si tout n’est pas dépistage à la naissance, l’enfant exposé à l’alcool in utero peut présenter des altérations de la structure cérébrales, des difficultés cognitives et des problèmes graves de comportements. L’ensemble de ces troubles concernerait tout de même 9,1 naissances pour mille naissances.

Mais l’origine de ces troubles est parfois difficile à dépister car les ETCAF, contrairement au SAF, ne sont pas toujours accompagnés de marqueurs morphologiques. D’où le doute sur l’origine de ces troubles qui apparaissent souvent au moment de la scolarisation et le scepticisme des patientes face aux recommandations d’abstinence d’alcool, avec la fameuse ritournelle : « J’ai bu parfois un verre enceinte pour une occasion familiale ou festive et mon bébé va très bien ». La même patiente, quelques années plus tard, aura sans doute du mal à admettre que l’hyperactivité de son enfant est liée à ce fameux petit verre le soir de Nouvel An quand elle était enceinte…

Et pourtant les études comparatives entre enfants soumis à une alcoolisation fœtale et ceux qui ne l’ont pas été sont assez parlants (lire ce qui suit), même s’il faut garder à l’esprit que les déficits neurocomportementaux constatés chez les enfants ETCAF peuvent être aussi provoqués par d’autres facteurs que la seule alcoolisation fœtale.

Un QI moins élevé

Au mieux moyen faible au pire déficience intellectuelle avérée, c’est ce qui se remarque chez les enfants exposés à l’alcool pendant la grossesse, leur intelligence verbale et non verbale étant nettement affaiblie. Selon les études, il n’y a pas d’amélioration possible.

Une mémorisation amoindrie

Et par là-même, des troubles de l’apprentissage mais ce n’est pas systématique car il a été constaté que la fonction mnésique globale peut être préservée ou juste un peu impactée par l’exposition prénatale à l’alcool. Néanmoins, les fonctions d’apprentissage seront diminuées et notamment la rétention non verbale.

Des soucis orthophoniques

Défauts d’élocution, troubles phonologiques sont assez courants quand l’enfant a été fortement exposé à l’alcool in utero. Selon certaines études, des déficits ont été constatés sur le plan du langage expressif et réceptif, le premier étant le plus impact par l’alcoolisation foetale. Et de fait, ces soucis importent aussi le fonctionnement intellectuel.

L’attention visuelle et la perception visuo-spatiale perturbées

Parmi les déficits constatés, les chercheurs ont noté des failles sur l’habileté visuo-spatiale, comme des difficultés à recopier des modèles simples, à se situer dans l’espace et le temps, les capacités à associer des figures géométriques complexes et à soutenir son attention visuelle pendant une durée suffisante.

Une logique perturbée

Résoudre un problème, planifier des tâches, réfléchir sont des actions rendues ardues par les ETCAF. Les enfants exposés à l’alcoolisation foetale ont plus de difficultés à passer d’un concept à un autre, et à projeter leur pensée et leurs conclusions de manière verbale rapidement. D’autant que beaucoup de ces enfants souffrent de difficulté à se concentrer, soit par impulsivité, soit par difficulté à soutenir leur attention notamment sur le plan visuel.

Des comportements asociaux

Violence, conduites addictives, problèmes psychiatriques ne sont pas rares hélas et conduisent parfois ces enfants devant le tribunal pour répondre de troubles à l’ordre public. Moins grave, mais très invalidant aussi, ces enfants présentent des difficultés à vivre en autonomie et donc des difficultés d’adaptation aux circonstances.

Quelles solutions proposer aux familles concernées par l’ETCAF ?

Sachant que l’effet de l’alcool sur le développement du système nerveux central est malheureusement irréversible, faut-il renoncer à aider ces familles dont un enfant a été atteint soit par SAT soit par l’ETCAF ? Il existe déjà des traitements adaptés en fonction des symptômes et ciblant les troubles cognitifs et comportementaux. Ces traitements associent la thérapie comportementale, l’orthophonie, l’ergothérapie et la physiothérapie, ainsi que des programmes d’intervention précoce et des interventions psychosociales et éducatives.

Sources Center for Behavioral Teratology, San Diego State University, États-Unis

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