Les problèmes alimentaires touchent de nombreuses femmes. Chez certaines femmes, la grossesse peut parfois être plus difficile à gérer. Alors comment détecter les femmes plus fragiles et les aider au mieux à accompagner la grossesse ? Réponses avec Christelle Perrin-Fayolle, sage-femme diététicienne.

Comment le début de la prise en charge d’une femme enceinte ayant été anorexique s’effectue-t-il ? Est-ce que ce sont les patientes elles-mêmes qui vous parlent spontanément de leur problème ? 

Pour ma part, ce ne sont pas les patientes qui m’en on parlé spontanément. Lors de la première consultation de grossesse, on leur pose la question de leurs antécédents médicaux, pour certaines ce sera peut-être le moment où elles se livreront et où elles l’évoqueront. Et puis d’autres ne diront rien en consultation, et attendront un moment plus propice. En ce qui me concerne, j’ai découvert chez deux de mes patientes un antécédent de trouble alimentaire lors de « l’entretien précoce prénatal » que l’on réalise à partir du 4ème mois de grossesse. Je leur demande toujours comment elles vivent les modifications induites par la grossesse (relation de couple, alimentation, corps qui change …), et c’est à ce moment-là que j’ai appris leur ancien trouble.

Existe-t-il des signes qui vous permettent de détecter si votre patiente a un trouble alimentaire ?

Parfois, l’anorexie s’accompagne de conduites addictives associées (sport à outrance, laxatifs …). En tant que professionnel de santé, on doit être vigilent si une patiente est obnubilée par la prise de poids durant la grossesse et/ou par la peur de perdre le contrôle de son poids ou encore si elle n’est pas satisfaite de sa prise de poids pourtant physiologique. Puis, lorsque l’on pose la question, en consultation, connaissez-vous votre poids ? Et que la patiente répond avec une très grande précision (par exemple 50kg et 250g) cela doit nous rendre attentif. Et enfin, on ne doit jamais écarter l’hypothèse d’un trouble alimentaire en cas de vomissements gravidiques incoercibles.

Quelles sont les particularités d’un suivi d’une femme anciennement anorexique ?

Il faut être vigilant à ce que la prise de poids pendant la grossesse soit suffisante pour subvenir aux besoins du bébé, s’assurer que les modifications corporelles et le « remaniement psychique » induits par la grossesse ne ravive leur ancien trouble. S’assurer que la grossesse ne soit pas mise en péril dans le cas d’une rechute du trouble alimentaire (complications de la grossesse nombreuses en cas de dénutrition).

Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer pour la prise en charge d’une future maman anciennement anorexique ?

En tant que sage-femme, il n’est pas toujours évident de détecter un antécédent « anorexie ». Il faut donc oser poser la question, si nous avons un doute sur un trouble de comportement  alimentaire, il ne faut pas hésiter à déléguer. Et puis, n’oublions pas que la période de post-partum peut être aussi un moment de vulnérabilité pour celles qui ont un antécédent de trouble alimentaire, puisqu’elles doivent se découvrir en tant que mère puis souvent faire face à une grande fatigue, à un bouleversement de leurs habitudes quotidiennes et notamment de leurs habitudes alimentaires, ce qui peut de nouveau induire un sentiment de perte de contrôle.

http://dietetiqueetgrossesse.e-monsite.com/contact/contact.html

Laisser un commentaire