En ce qui concerne la grossesse, toutes les femmes sont différentes. Certaines ne ressentiront que peu les « petits » maux de la grossesse tandis que d’autres, moins chanceuses, subiront de violentes nausées et vomissements, c’est ce que l’on appelle l’hyperémèse gravidique. Autrefois peu connue (alors que l’on estime que 0.3 à 2% des femmes en souffrirait), cette pathologie a commencé à faire parler d’elle à l’occasion de la médiatisation des grossesses de la duchesse Kate Middleton qui a souffert d’hyperémèse gravidique. Alors qu’est-ce que l’hyperémèse gravidique et que peut-on faire si on souffre de cette pathologie ? On fait le point avec Audrey Texier, la présidente et co-fondatrice de l’association de lutte contre l’hyperémèse gravidique.

Qu’est ce que l’hyperémèse gravidique ?

L’hyperémèse gravidique est la forme sévère des nausées et vomissements de la grossesse. C’est le stade où les nausées et vomissements de la grossesse ont un impact sur la santé de la future maman. Elle débute fréquemment aux alentours de 6 SA et dure parfois jusqu’à la naissance. Les signes les plus fréquents sont : une perte de poids importante, une incapacité à boire et à s’alimenter, une fatigue extrême, des nausées constantes et/ou des vomissements incontrôlables.

Connaît-on les causes de cette pathologie ?

Les causes sont encore inconnues tout comme les causes des nausées et vomissements de la grossesse.

Plusieurs pistes sont évoquées :
-La piste hormonale
-La piste d’une prédisposition génétique.

NDLR : Récemment, les chercheurs auraient trouvé deux gènes potentiellement responsables de l’hyperémèse gravidique en explorant les gènes de milliers de femmes enceintes.

Quelles peuvent être les conséquences de cette pathologie ?

L’hyperémèse gravidique provoque de nombreuses complications. Les plus fréquentes sont la déshydratation parfois sévère, des perturbations gastriques, hépatiques et cardiaques, une détresse psychique. Cette pathologie impacte toute la vie de la femme qui perd son autonomie et sa capacité à effectuer les gestes de la vie quotidienne (travailler, s’occuper de ses enfants mais aussi marcher, se doucher). Et enfin elle a des conséquences sur la relation mère-bébé et sur la dépression du post partum. La souffrance est particulièrement importante et souvent peu considérée : 15,2% des femmes atteintes mettent alors fin à leur grossesse.

Comment prend on en charge actuellement en France l’hyperémèse gravidique ?

Aujourd’hui l’hyperémèse gravidique n’est pas considérée comme une réelle pathologie. Aucune recommandation nationale officielle n’existe. Les femmes sont hospitalisées souvent après plusieurs allers et retours aux urgences. En majorité la prise en charge consiste à gérer l’urgence, à traiter la femme sur l’instant T par perfusion. Mais dès que la situation se stabilise, que la femme n’a plus de vomissement elle n’est plus suivi et ressort de l’établissement sans traitement efficace. Le retour des symptômes violents est alors très fréquent.

Existe-t-il des traitements efficaces ?

Plusieurs molécules sont utilisées par les praticiens mais malheureusement ce qui fonctionne chez une femme n’aura parfois aucun effet chez une autre. Pour donner des exemples : Le premier est un antihistaminique nommé la doxylamine déjà utilisé dans les pays anglo-saxon depuis plus de 10 ans. Un autre est un traitement utilisé habituellement pour traiter les vomissements induit par la chimiothérapie. Certain de ces traitements n’ont pas d’autorisation d’utilisation sur la femme enceinte dans le cadre de l’hyperémèse gravidique. Les femmes atteintes se retrouvent alors dans un vide médical.

Vers qui peut-on se tourner quand on souffre de cette pathologie ?

Si vous êtes atteinte, il faut prendre contact avec votre praticien habituel, médecin généraliste, sage-femme, et/ou gynécologue. Ce sont les seuls capables d’engager une prise en charge et une surveillance de votre état de santé.
Vous pouvez également contacter notre association pour trouver une aide et un soutien.

Pouvez-vous nous présenter votre association et vos actions ?

Notre association de patientes a été crée en 2018. Nous sommes deux co-fondatrices et avons toutes les deux vécues l’hyperémèse gravidique. Devant l’ignorance de cette pathologie et le mépris dont nous avons été victimes nous avons décidé
d’agir. Nous avons à nos cotés plusieurs ambassadrices bénévoles de l’association qui se battent à nos cotés, et sont à l’origine d’actions locales comme des réunions d’information ou des groupes de parole.

Concernant nos actions :

– Nous soutenons quotidiennement les femmes atteintes, via une permanence en ligne et une écoute téléphonique tenue par notre infirmière sophrologue référente.

– Nous offrons aux femmes atteintes par l’hyperémèse gravidique la possibilité d’échanger avec d’autres femmes atteintes.

– Nous mettons à disposition des informations sur l’hyperémèse gravidique et de la documentation afin de les aider dans leurs démarches de prise en charge ou face à leur entourage.

-Nous agissons afin de faire connaître l’hyperémèse gravidique auprès des médias. Nous sommes convaincus qu’en informant nous obtiendrons plus de considération et de compassion pour les femmes atteintes.

-Enfin, nous sommes en contact avec des soignants et des centres hospitaliers afin de leur faire part de nos témoignages pour qu’ils puissent adapter leurs connaissances et leurs démarches.

Sources :

Nature Communications

Site de l’association de lutte contre l’hyperémèse gravidique

Page Facebook de l’association

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