Une étude néo-zélandaise vient de démontrer l’intérêt en sevrage tabagique de cet alcaloïde de plante utilisé dans les pays de l’Est. Beaucoup moins onéreux et plus efficace que les substituts nicotiniques, il n’est cependant pas autorisé en France. Un verrou à faire sauter en période de crise économique où le prix élevé des substituts nicotiniques reste un frein au sevrage.

En suivi de grossesse ou en post-partum la question du sevrage tabagique s’appuie, en France, sur les substituts nicotiniques, coûteux, ce qui les met souvent hors de portée de beaucoup de patientes. Dans d’autres pays, notamment en Europe de l’Est, le sevrage tabagique est mené depuis 50 ans avec la cytisine, « un alcaloïde de plante, antagoniste, comme la varénicline, des récepteurs nicotiniques α4β2 », comme le précise le Journal international de Médecine, dans son édition du 19 décembre 2015. L’intérêt de la cytisine ne se limite pas à son efficacité en matière de sevrage tabagique mais concerne aussi son coût moindre que les substituts nicotiniques. Malheureusement, pour l’heure, la cytisine n’a pas reçu d’autorisation de mise sur le marché ailleurs qu’en Europe de l’Est.

Plus efficace de 9 points

Une étude néo-zélandaise*, publiée par le New England Journal of Medicine, pourrait peut-être faire évoluer les choses. Ainsi, 1310 adultes ont été recrutés pour une aide au sevrage afin de comparer à un mois l’efficacité de la cytisine à celles des substituts nicotiniques. « Répartis de façon randomisée (mais ouverte) en 2 groupes, les candidats au sevrage ont reçu soit gratuitement le traitement par cytisine (1,5 à 9 mg par jour pendant 25 jours, selon le protocole recommandé par le fabricant), soit à un prix réduit des substituts nicotiniques, pendant 8 semaines (patchs, gommes et/ou pastilles), là encore selon les protocoles préconisés dans les recommandations. Un soutien téléphonique leur était proposé, à raison de 3 communications de 10 à 15 minutes pendant les 8 semaines », explique le Journal international de Médecine.

Un mois après le début du sevrage, 40 % des personnes sous cytisine affirment avoir arrêté de fumer, contre 31 % des participants recevant les substituts nicotiniques. « Les différents points d’étape, à 1 semaine, 2 mois et 6 mois, montrent tous la supériorité de la cytisine en termes d’efficacité », note le JIM, malgré des effets indésirables apparemment plus fréquents (nausées, vomissements, troubles du sommeil…).

Reste que ces résultats sont basés sur les déclarations des participants à l’étude et qu’il faudrait, pour en arriver à une autorisation de mise sur le marché, un essai randomisé en double aveugle pour évaluer biologiquement la réalité du sevrage tabagique. Un enjeu qui en vaut la chandelle, en raison du coût moindre de ce traitement de sevrage qui le rendrait abordable pour des franges de population de plus en plus précarisées et qui ne peuvent envisager un sevrage par substituts nicotiniques pour raisons pécuniaires.

*Walker C. et coll. : Cytisine versus Nicotine for Smoking Cessation
N Engl J Med 2014; 371:2353-2362.

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