L’exposition d’une patiente au plomb durant son enfance ou à l’âge adulte peut être à l’origine d’une contamination de son fœtus. D’où l’importance de connaître les principaux effets du plomb sur la santé de la femme enceinte et les causes de contamination au plomb.

Toxicocinétique du plomb

Chez l’adulte, l’absorption du plomb est respiratoire s’il est sous forme de vapeurs ou de poussières fines dans les situations d’exposition professionnelles. Cette absorption peut également être digestive mais elle est plus faible (5 à 10%). Elle est augmentée en cas de carence martiale en vitamine D et en calcium.
Plus de 90% de la dose interne du plomb est osseuse. Le plomb ne présente pas d’effet toxique lorsqu’il est lié à l’os compact. Cependant, il peut être libéré massivement en cas de déminéralisation, c’est le cas lors de la grossesse et de l’allaitement. Il franchit la barrière placentaire et à la naissance, les plombémies de la mère et de l’enfant sont très proches.
L’élimination du plomb est essentiellement urinaire (>75%) et fécale (15 à 20%). A l’arrêt de l’exposition, la diminution de la plombémie est lente : la demi-vie d’élimination est de 30 à 40 jours ; après quelques mois, elle est supérieure à 10 ans.

Les effets du plomb pendant la grossesse

Le plomb est foetotoxique. En cas de plombémie élevée, il peut augmenter le risque de retard de croissance intra-utérin, d’accouchement prématuré, de fausses couches et de retard cognitif dans la petite enfance.

Les sources de plomb

La femme enceinte peut être exposée au plomb :

  • en cas de travaux dans des lieux contenant des anciennes peintures avec du plomb, principalement des habitations du début du XXème siècle ;
  • dans des sites industriels induisant une pollution atmosphérique, une contamination des potagers ;
  • dans l’eau de boisson distribuée par des canalisations en plomb ;
  • dans l’alimentation en cas de contact prolongé d’un aliment avec un récipient ;
  • dans certains remèdes et cosmétiques traditionnels ;
  • lors d’activités professionnelles (métallurgie, fabrication de différents matériaux, plomberie, isolation, lignes téléphoniques…) ou de loisir, bricolage (poterie, vitraux, chasse, soldats de plomb…).

Dépistage des patientes à risque

Le dépistage est obligatoire lors de l’entretien prénatal précoce du 4ème mois. Les questions à poser :

  • Exercez-vous ou une personne de votre foyer exerce-t-elle une activité à risque ?
  • Avez-vous été depuis moins de 6 mois en contact avec des travaux de rénovation d’un logement ancien ?
  • Utilisez-vous des cosmétiques ou des remèdes alimentaires traditionnels ?
  • Consommez-vous des substances telles que l’argile, la terre, plâtre, écailles de peinture ?
  • Conservez-vous des aliments dans des plats en céramique, en étain ou en cristal ?
  • Consommez-vous de l’eau du robinet issue de canalisation en plomb ?
  • Avez-vous déjà été intoxiquée au plomb ou fréquentez-vous des sites industriels émettant du plomb dans l’atmosphère ?

La marche à suivre en cas de dépistage positif

En cas de suspicion de risque de contamination par le plomb, il faut :
donner des conseils d’hygiène
prescrire éventuellement une plombémie
prévoir une plombémie au cordon pour le nouveau-né.

Chez la femme enceinte, si la plombémie est :

  • < 100 μg/L, rassurer la patiente, rechercher une carence en fer ou en calcium et adapter les conseils d’hygiène. SI la source n’a pu être supprimée, il faut doser la plombémie tous les 3 mois.
  • > ou = à 100 μg/L, informer la patiente sur les risques, éliminer la source d’exposition, évaluer la nécessité d’un traitement chélateur et adapter un suivi médical adapté.

Si la plombémie chez le nouveau-né est aussi élevée, la déclaration du cas est obligatoire et elle entraine une enquête environnementale. Discuter de l’allaitement maternel en fonction de la plombémie.

L’apport en calcium de ces patientes doit être d’au moins 1,2g/jour. Une supplémentation en vitamine D au 6ème mois est à prévoir.

La déclaration des cas et la fiche de surveillance se font sur le site internet : http://www.invs.sante.fr/surveillance/ saturnisme/.

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