C’est la question qui revient souvent en boucle en consultation ou sur les forums de jeunes mamans. Pour y répondre de manière pertinente, des chercheurs de l’Ohio se sont lancés dans une enquête d’une durée de six ans, en recensant toutes les naissances. Voici leurs conclusions.

Grossesses difficiles, malformations fœtales, prématurité, petits poids de naissance, morbidité maternelle… telles sont souvent les associations cause-conséquences faites en présence d’une courte ou d’une longue période inter-génésique. Même s’il convient de préciser que ces complications ont souvent de causes multifactorielles (carences en folates, phénomène inflammatoire persistant, anémie maternelle, dérégulation hormonales des grossesses tardives ou de la période du post-partum…).

Trop tôt, trop tard… quels profils ?

En Ohio (USA), une équipe de chercheurs a étudié six années durant les dossiers de toutes les femmes multipares ayant accouché d’un enfant sans malformation majeure entre 20 et 42 SA. Au total 395 146 naissances ont donc été passées au crible. L’intervalle inter-génésique est inférieur à 6 mois dans 7, 3 % des cas, entre 6 et 12 mois dans 13,5 % des cas, entre 12 et 24 mois dans 27,5 % des cas, de 24 à 60 mois dans 34,8 % des cas, et de plus de 60 mois dans 16,3 % des cas.

Les femmes débutant une nouvelle grossesse moins d’un an après leur accouchement ont plus souvent un faible niveau d’éducation, un faible niveau socio-économique et des soins prénatals insuffisants. Elles sont également plus jeunes, d’une parité plus élevée, ont plus d’antécédents d’accouchements prématurés, sont plus souvent obèses et fumeuses que les femmes qui ont attendu entre un et deux ans pour démarrer une nouvelle grossesse. Celles dont l’intervalle inter-génésique est long ont plus rarement un faible niveau scolaire et un suivi prénatal insuffisant, mais ont plus de risques obstétricaux tels l’obésité, l’HTA chronique, un diabète pré-existant et une pré-éclampsie.

Les pathologies associées à l’écart inter-génésique

L’augmentation du taux d’HTA gravidique, de diabète gestationnel et de naissance par césarienne est directement proportionnelle à l’allongement de l’intervalle inter-génésique. Les RCIU sont plus fréquents à la fois dans les intervalles courts et longs, comparés à l’intervalle de un à deux ans qui est celui associé aux plus faible taux d’admissions du nouveau-né en unité de soins intensifs et de tous les autres critères de morbidité néonatale mesurés (ventilation à la naissance, ventilation plus de 6h après la naissance, Apgar ˂ 7 à 5 minutes de vie, utilisation du surfactant.

30% de femmes respectent un bon écart inter-génésique

Après ajustement sur l’âge gestationnel, la morbidité néonatale reste augmentée, jusqu’à 48 % en plus pour les intervalles  très courts (˂ 6 mois, odds ratio ajusté 1,48 ; intervalle de confiance à 95 % :  1,40-1,57) et de 36 % pour les plus long (≥ 60 mois, ORa  1,36 ; IC : 1,30-1,42).

Au final, la meilleure période pour débuter une nouvelle grossesse se situe entre un et deux ans après l’accouchement, ce que font près d’un tiers des femmes (108 626 sur les 395 146 de cette cohorte). Pour les deux tiers restants, il semble qu’un important travail de pédagogie s’impose pour faire comprendre la nécessité d’un écart inter-génésique raisonné.

Sources JIM/M.Gélébart/ DeFranco EA, Seske LM, Greenberg JM, et coll. Influence of interpregnancy interval on neonatal morbidity. Am J Obstet Gynecol., 2015; 212: 386.e1-9.

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