Dans la nuit du 9 au 10 avril, l’Assemblée Nationale a approuvé le projet de loi sur la Santé autorisant les sages-femmes à pratiquer l’interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse. Pour les sages-femmes, cela change quoi ?

Chaque année, il y a environ 210 000 IVG en France. Elles concernent 1,4% des femmes en âge de procréer et 1 femme sur 4 aura recours à l’IVG au moins une fois dans sa vie féconde. La France se situe dans la moyenne européenne. 57% de ces IVG sont réalisées par la méthode médicamenteuse.

Les principales causes d’IVG sont l’absence de contraception (28%) ou un échec de contraception, car la méthode ne correspond pas au couple. Pour le corps médical, il est donc important de faciliter l’accès à l’information et au suivi des couples. Aujourd’hui, il y a trop de demandes de suivi gynécologique en ville, les délais d’attente sont considérables ce qui est probablement une des causes du grand nombre d’IVG. L’impératif est donc de diminuer au plus vite le délai d’attente pour obtenir une consultation et faire évoluer les mœurs en rendant moins tabou la sexualité. Ces mesures devraient permettre de diminuer le nombre d’IVG en France.

Pour l’heure, cette nouvelle loi a pour objectif de faciliter l’accès à l’IVG des patientes en supprimant le délai de réflexion de sept jours et en autorisant les sages-femmes à prescrire l’IVG médicamenteuse.

L’IVG, une pratique qui relève de la sage-femme ?

La sage-femme a pour mission d’accompagner la femme dans son suivi gynécologique et obstétrical physiologiques. Tout au long de sa carrière, elle sera confrontée à l’accompagnement de la mort lors de prise en charge de patiente dont le fœtus est décédé in utero, mais également lors du suivi d’une interruption médicale de grossesse (IMG).

Son rôle est d’accompagner la femme et son compagnon dans cette épreuve difficile afin qu’ils en gardent un souvenir le moins désagréable possible et qu’ils soient totalement disponibles pour débuter une nouvelle grossesse lorsque le moment sera venu. C’est toujours magique de suivre des couples pour un heureux événement après les avoir accompagnés dans une épreuve difficile lors d’une précédente grossesse.

Clause de conscience : pour l’IVG aussi

Dans toutes ces situations, la sage-femme a sa clause de conscience, c’est à dire qu’elle n’est jamais tenue de pratiquer une IMG, mais elle doit s’assurer qu’une ou un collègue pourra réaliser ce suivi. Il en est de même pour l’IVG et chaque sage-femme est libre de choisir un lieu d’exercice de sa profession adaptée à ses convictions personnelles.

Certaines minorités de sage-femme sont contre cette nouvelle compétence. Elles avancent comme argument que la sage-femme a pour rôle d’accompagner la vie et non la mort, ce qui est faux. Que ces sages-femmes soient opposées à l’IVG pour des convictions personnelles est tout à fait respectable. Elles peuvent utiliser leur clause de conscience. Cependant, il paraît totalement inacceptable qu’à notre époque le rôle de la sage-femme soit restreint à la seule fonction de la naissance.

Le fait d’autoriser le suivi de grossesse de la femme en bonne santé et l’IVG médicamenteuse par les sages-femmes facilite ainsi l’accompagnement des patientes et permet un suivi global au cours de leur vie. Limiter les intervenants et établir une relation de confiance entre la patiente et sa sage-femme est garant d’un meilleur suivi.

Une valorisation des compétences médicales de la profession

Evoluons avec notre temps. Faisons connaître notre profession, ce qui passe aussi bien par le suivi gynécologique, les IVG, la procréation médicalement assistée (PMA), la sexualité, l’addictologie, l’acupuncture, l’ostéopathie, l’échographie, le suivi de grossesse, la préparation à la naissance en tout genre, les accouchements, les suites de couche, l’allaitement maternel, la rééducation du périnée et j’en passe… Que chaque sage-femme choisisse sa spécificité, s’intéresse à celle de sa collègue et propose ainsi un suivi le plus adapté aux attentes de chaque patiente.

En ce sens, la Loi de Santé qui donne compétence aux sages-femmes pour l’IVG médicamenteuse dans le respect de la clause de conscience est une décision qui valorise les compétences médicales de la profession et répond aux attentes des femmes.

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