Un espoir en vue pour les couples stériles en raison d’une vasectomie décidée de manière trop anticipée ? Aux États-Unis, 6% des hommes ayant recouru un peu rapidement à une vasectomie le regrettent et font une demande de reperméabilisation des canaux déférents.

Si l’une des patientes que vous recevez pour son suivi gynécologique se plaint de voir ses espoirs d’un enfant de son compagnon déçus en raison d’une vasectomie antérieure, il y a peut-être d’autres pistes à lui proposer que le recours au don de sperme et à la FIV. Aux Etats-Unis où sur les 500 000 vasectomies pratiquées annuellement, près de 6 % (30 000) suscitent des regrets, conduisant des médecins à proposer une reperméabilisation des canaux déférents interrompus. Un retour en arrière coûteux mais finalement pas autant qu’un suivi en PMA. Mais quelles sont les chances de réussite de cette anastomose déférento-déférentielle (ADD)? Cela dépend souvent de multiples facteurs : laps de temps pendant lesquels les canaux déférents ont été interrompus, techniques utilisées pour la vasectomie, et comme pour les hommes, vasectomie ou non, la qualité du sperme ainsi que l’âge de la femme en désir de grossesse.

Une étude a été réalisée en Oregon sur ces ADD auprès de patients à partenaire constant avant et après la vasectomie. Tous ont été opérés par le même chirurgien avec la même technique d’ADD par une mini-incision, voire avec une anastomose épididymo-déférentielle (AED) quand l’extrémité proximale du déférent n’était pas utilisable.  L’ADD bilatérale a été pratiquée dans 89 % des cas, l’AED bilatérale dans 4 %, les 7 % restants subissant une ADD d’un côté et une AED de l’autre. Chez tous les opérés, le suivi a duré au moins un an et souvent beaucoup plus, les grossesses étant déclarées soit spontanément, soit découvertes à la suite d’une enquête.

Un constat curieux…

Il semble que la reperméation sera plus réussie si l’homme a conservé la même partenaire. En effet, sur les 3 135 reperméabilisations effectuées, 524 (17 %) concernaient des hommes restés fidèles et déférents à leur compagne. La moitié d’entre eux (258) ont bien voulu répondre aux questions qui leur ont été posées après leur intervention. Parmi eux, 230 (89 %) ont demandé une reperméabilisation pour accroître leur famille et 28 (11 %) pour remplacer la perte d’un enfant décédé. Tous ces couples avaient fait précédemment la preuve de leur fertilité.

Les résultats de la reperméabilisation ont été comparés avec ceux d’hommes ayant changé de partenaire et le taux de grossesse a été de 60 % chez ces derniers vs 83 % chez les hommes « fidèles ». Le taux de résultats satisfaisants (pas de sténose) atteint même 94 % sur la déférentographie.

Alors, prude et conservatrice, la technique de l’ADD ? Certes, cette étude s’est déroulée aux États-Unis où les schémas familiaux traditionnels ont la vie longue, mais il ne s’agit évidemment pas de ça. Le meilleur taux de succès chez les hommes ayant conservé la même compagne peut s’expliquer par un intervalle moindre entre la vasectomie et sa réparation, mais aussi par le fait que ces couples avaient déjà fait la preuve de leur fertilité auparavant. Tout simplement. Même si la pratique de la vasectomie est peu courante en France où elle n’a été légalisée qu’en 1999, les quelques femmes en désir d’enfants qui sont confrontées à cette situation seront soulagées d’apprendre qu’il existe une solution, à condition de ne pas trop tarder.

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