Quels risques pour le bébé quand la future mère se voit prescrire des analgésiques opiacés pendant sa grossesse ? Une situation de plus en plus fréquente, semble-t-il. Des études scientifiques se sont penchées sur ce risque. Voici leurs conclusions.

En Norvège, la prescription d’analgésiques opiacés concernerait 6% des femmes enceintes. Presque une paille face aux 40% relevés dans certains états d’Amérique. Une situation qui pose question alors même que les risques de syndrome de sevrage néonatal chez les nouveau-nés de mères toxicomanes ou sous traitement substitutif (méthadone, buprénorphine) sont connus.

Ce risque est-il le même, jusqu’où faut-il en craindre les séquelles, en cas de recours à des analgésiques opiacés par des femmes enceintes non toxicomanes ? C’est à cela que s’est attelé une étude observationnelle de cohorte réalisée dans 46 états des États-Unis entre 2000 et 2007 et concernant plus de 1,7 million de grossesses.

Que dit l’étude ?

Publiée dans le British Medical Journal, cette étude explique qu’une prescription d’opiacés est retrouvée dans 21,1 % des cas (n = 290 605) et que les données relèvent 1 705 cas de syndrome de sevrage néonatal, correspondant à un risque absolu de 5,9 pour 1 000 prescriptions. Des conclusions relativement rassurantes, donc en ce qui concerne les enfants nés de mères ne présentant pas de facteur de risques aggravants supplémentaires (consommation d’opiacés hors prescription, addictions à l’alcool ou à d’autres drogues dont les psychotropes, ou encore au tabac).

L’étude s’est aussi intéressé aux différents types de traitements d’analgésiques opiacés. Sous traitement court, un syndrome de sevrage peut survenir dans 1,5 cas pour 1 000 grossesses (si la mère ne présente pas de facteurs de risques) et dans 192 cas en cas de mésusage des opiacés. Évidement, les traitements longs multiplient par deux le risque de syndrome de sevrage. À savoir, les traitements pris pendant le 3ème trimestre augmentent de 25 % le risque de syndrome de sevrage néonatal par rapport aux traitements pris en début de grossesse.

Prescrire ou pas ?

Selon la littérature scientifique, la prise en compte de la douleur serait insuffisamment prise en charge pendant la grossesse. Sans doute pour ne pas risquer justement d’exposer le nouveau-né à un syndrome de sevrage néonatal. Cette étude présente l’intérêt d’ouvrir le champ de la prescription d’antalgiques au-delà du palier 1.

Selon l’étude, les antalgiques opiacés peuvent être prescrits, « après évaluation soigneuse du rapport bénéfice-risque et en recherchant notamment des facteurs de risque additionnels, comme des antécédents de mésusage médicamenteux, de toxicomanie, de prise d’alcool ou d’autres psychotropes ou de tabagisme », souligne le Dr Roseline Péluchon, rapporteur de l’étude pour le Journal International de Médecine.

Sources JIM/Dr R. Péluchon/ Desai RJ et coll. : Exposure to prescription opioid analgesics in utero and risk of neonatal abstinence syndrome: population based cohort study.

Une réponse

Laisser un commentaire